Les avocats sont toujours en grève ce matin, mobilisés contre la réforme des retraites. Conséquence : à la cour d’assises de St-Denis une nouvelle affaire a été renvoyée. Un mouvement qui coûte cher aux clients mais aussi aux avocats. Illustration avec ces avocats expérimentés ou jeunes diplômés que nous avons rencontré.
Sixième semaine de mobilisation pour maître Sébastien Navarro, avocat au barreau de Saint-Denis. Ce matin, il demande le renvoi d’une nouvelle affaire à la cour d’assises. Pas question pour lui de flancher. "Ça ne devient même plus un choix, mais une nécessité, on a demandé des renvois afin de pouvoir se faire entendre. Ce sont aujourd’hui les moyens d’action qui nous reste, pour que les magistrats puissent faire remonter à la chancellerie les difficultés qu’ils rencontrent à travers notre mouvement et que l’on puisse enfin se faire entendre du gouvernement."
Même combat au tribunal de grande instance de Champ Fleuri pour maître Céline Cabaud, avocate spécialisée dans les affaires familiales. "Nous ne sommes pas en grève chez nous à ne rien faire, au contraire, on se mobilise tous les jours. On fait un système de roulement pour s’organiser et soutenir les renvois, expliquer aux clients, aux juges, et voir l’intérêt de chacun."
À cette organisation il faut rajouter la contrainte financière, surtout pour les jeunes avocats, qui touchent en moyenne 1 200 euros par mois. Durant cette période de grève, les compteurs sont au rouge.
"Depuis le 6 janvier 2020, il n’y a plus aucune commission d’office, plus aucune personne d’assurée par l’ensemble des avocats. Pendant plusieurs mois, un mois, un mois et demi, je ne sais pas combien de temps va durer ce mouvement, je n’encaisserai rien au titre de la commission d’office, puisque je n’assiste plus les personnes", témoigne maître Marlène Jourdan, avocate.
"Aujourd’hui, la grève touche la désignation de l’aide juridictionnelle de la commission d’office qui n’existe plus pendant ce temps de grève. Les jeunes avocats qui vivent de ce genre de rétribution n’ont malheureusement plus de revenus et doivent un peu galérer financièrement afin de pouvoir payer les charges de leur cabinet. Il y a aussi des conséquences morales, faire grève ne fait pas partie de notre mission, qui est de plaider et défendre les gens", analyse maître Ariane Bouvet, avocate et présidente de l’Union des jeunes avocats au barreau de Saint-Denis.
Aujourd’hui, 30 % des avocats sont contraints de quitter la profession après leur prise de fonction. Un chiffre qui pourrait augmenter si la réforme passait en l’état.