Un restaurant de la chaîne de restauration rapide Burger King pourrait s’implanter dans le cirque de Cilaos. Selon le directeur de la chaîne, ce restaurant sera avant tout un endroit où les jeunes et les gramounes de Cilaos pourront se rencontrer. D’ailleurs, une quarantaine d’emplois pourrait être créée. Pour la Ville de Cilaos, le dernier mot quant à une éventuelle implantation reviendra à la population.
C’est un projet qui fait déjà parler à Cilaos. L’enseigne de restauration rapide Burger King projette de s’installer dans le cirque. Pour le patron de la franchise à La Réunion, Philippe Lariche, ce projet serait une occasion d’aller à la rencontre des Réunionnais des hauts.
"Ça sera un restaurant avec un petit chiffre d’affaires, mais pour nous, ce n’est pas le plus important pour ce restaurant. Nous voulons créer un lieu où les jeunes et les gramounes peuvent se rencontrer. Cilaos est un endroit très retiré et difficile d’accès. L’ouverture d’un restaurant apportera de nombreux problèmes logistiques, peut-être plus qu’il y aura de bénéfices. Mais nous trouvons que c’est un projet important", lance Philippe Lariche.
D’ailleurs, l’ouverture de ce restaurant pourrait créer plus de 40 emplois à Cilaos. "Nous allons embaucher que des jeunes de Cilaos, autant du côté administratif que dans le restaurant", poursuit Philippe Lariche. Pour le moment, l’implantation n’est qu’à l’étape de projet. Il dit en avoir discuté avec le maire de la commune, Jacques Técher. "Ça sera au maire de décider. Pour l’instant, on prospecte encore les locaux."
Aucune date d’ouverture à l’horizon, donc, mais l’ouverture de cet éventuel restaurant est une "priorité" pour l’enseigne de restauration rapide. "Le but n’est pas de faire de l’argent, mais de créer un projet de société pour la communauté de Cilaos. On veut apporter quelque chose aux habitants de la ville", insiste Philippe Lariche.
Questionné sur les critiques qui visent la restauration rapide, notamment la question de la malbouffe, Philippe Lariche répond de façon laconique. "Les gens pensent ce qu’ils veulent, mais avec ce lieu, on a un vrai projet pour la population. Et pour nous, c’est ce qui compte", conclut-il.
Du côté de la Mairie de Cilaos, on fait savoir qu’aucune demande de terrain ou de local n’a été officiellement enregistrée auprès de leur service foncier. "Pour ce genre de projet, c’est l’avis de la population qui va primer. Ce sont les gens qui vont avoir le dernier mot. Pour l’instant, c’est mal parti", indique Pierre Técher, adjoint à la culture. Pierre Técher confirme que le maire a bien eu une discussion avec Philippe Lariche sur le sujet, mais rien de concret.
D’ailleurs, Pierre Técher dit comprendre l’inquiétude que pourraient avoir les Cilaosiens face à ce projet. "J’ai aussi rencontré des gens qui pensent que le projet pourrait être bon pour l’emploi dans la commune. Et c’est un point de vue légitime", reconnaît-il. Pierre Técher dit ne pas pouvoir se positionner sur le sujet pour l’instant. "Je vois la nécessité de l’emploi tout comme je vois la nécessité de préserver un patrimoine, une authenticité", lance-t-il.
Pour plusieurs restaurateurs cilaosiens contactés par LINFO.re, l’ouverture de cette enseigne de restauration rapide dans le cirque n’est pas de bon augure pour eux. C’est le cas de Jaquy Boyer, propriétaire du restaurant Chez Noé, ouvert depuis 36 ans. "Un restaurant comme celui-là qui ouvre à Cilaos, ça va entraîner une vraie perte de l’authenticité du cirque", croit-il. "On ne vient pas à Cilaos pour manger des hamburgers. Je ne pense pas que ça a sa place ici", dit celui qui est installé dans le cirque depuis une trentaine d’années.
M. Boyer croit au principe de la concurrence. "Le soleil est pour tout le monde. La concurrence, c’est une bonne chose. Mais après, c’est sûr que c’est une grande enseigne", poursuit-il avant d’ajouter avoir quelques craintes pour son commerce. Des craintes qui sont partagées par Sébastien Payet, propriétaire du restaurant La Marmite du Cap, ouvert depuis plus d’un an.
"Nous, on se bat depuis le début de la crise. On a été fermés pendant plusieurs semaines. C’est sûr que si un restaurant comme celui-là ouvre, les gens vont être tentés d’y aller. Un restaurant Burger King aura clairement un avantage sur nous. La crise a été dure pour les petits restaurateurs comme nous", regrette Sébastien Payet. "Les gens préfèrent attendre 15 minutes dans la file d’un drive plutôt que dans un restaurant. Alors, oui, j’ai des craintes. C’est n’est ni le meilleur endroit, ni le meilleur moment d’ouvrir un restaurant comme Burger King."