Les syndicats tirent la sonnette d’alarme sur les conditions d’incarcération au centre pénitentiaire de Domenjod. Le taux d’occupation explose, atteignant jusqu’à 120% dans certains bâtiments, tandis que le nombre de surveillants est en baisse.
Les places commencent à manquer à la prison de Saint-Denis alerte Vincent Pardoux, secrétaire régional FO à la prison alerte : “On est à l’aube d’une surcharge des bâtiments d’hébergement. "On a une montée en charge que l’on a jamais vu depuis l’ouverture sur le centre pénitentiaire de Domenjod. Dans les bâtiments d’hébergement du quartier adulte, le taux d’occupation atteint 120%. Il doit rester 4 ou 5 places, on envisage de poser des matelas au sol pour les détenus arrivant".
Pour le syndicat, plusieurs facteurs seraient à l’origine de cette surpopulation du centre pénitentiaire. Il pointe notamment du doigt les nombreuses incarcérations pour des courtes peines.
"Ce ne devrait plus être le cas. Des mesures ont été mises en place en 2019 pour un aménagement des peines de moins de 6 mois, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle".
La crise sanitaire affecte également la saturation des prisons :
"Avec la problématique covid, on place les détenus en septaine". En raison de la saturation du quartier des arrivants, des détenus majeurs se retrouvent dans le quartier mineur :
"On n’a plus de places au quartier des arrivants. On a déménagé une aile au quartier mineur, où l’on met des arrivants majeurs pour pallier le manque de place".
L’introduction d’adultes dans le quartier des mineurs provoque de multiples tensions :
"Comme les majeurs ont droit au tabac du trafic se met en place. Il y a énormément d’incidents disciplinaires liés à l’arrivée des majeurs au quartier des mineurs".
En plus du manque de place qui, l’autre problématique que dénonce le syndicat, est le manque d’effectifs.
Depuis plus de 6 mois, des départs ne seraient pas suivis d’arrivée de renforts. Aujourd’hui, 9 postes sont vacants sur le centre pénitentiaire de Saint-Denis :
"On a des départs à la retraite qui n’ont pas été comblés, des mutations qui n’ont pas été comblées. Malheureusement, on a l’impression que La Réunion est un peu délaissée par nos instances nationales".
Alors que le gouvernement vient d’annoncer le lancement d’Etats généraux de la justice, le syndicat espère être entendu.
"On cumule les handicaps liés à cette surpopulation et à un manque réel d’effectif, particulièrement sur Saint-Denis", conclut Vincent Pardoux.