Ce mercredi 20 avril, à quatre jours du second tour de l’élection présidentielle, les candidats Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont opposés dans le traditionnel débat de l’entre-deux-tours. Au cours de celui-ci, tous deux ont fait part des détails de leur programme, sans manquer d’affronter leurs idées sur des thématiques. Pouvoir d’achat, crise ukrainienne, économie ou encore immigration, retour sur les points forts de ce duel.
Hier soir, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se faisaient face lors du débat de l’entre-deux-tours qui portait sur des thématiques essentielles. Pour entamer le débat, chacun a fait part des grandes lignes de leur programme : Marine Le Pen souhaite conquérir "la fraternité nationale" quand le président sortant évoque son désir de faire de la France "une grande puissance écologique du XXIe siècle."
Marine Le Pen n’a pas manqué de rappeler les points faibles du quinquennat de son adversaire en évoquant la crise des Gilets Jaunes provoquée par sa décision de "faire une croix sur la taxe carbone." Dans le but d’augmenter le pouvoir d’achat des Français, elle propose baisser la TVA, revaloriser les salaires dans certains secteurs et apporter une aide financière aux personnes vulnérables.
Emmanuel Macron n’a pas hésité à défendre son mandat en rappelant que sous sa présidence, le taux de chômage a chuté de deux points et que 1,2 million d’emplois ont été créés. Le président sortant est également revenu sur le projet de "chèque alimentaire" qu’il avait récemment annoncé et qui serait destiné aux ménages modestes.
Face à la crise en Ukraine et son impact sur le pouvoir d’achat des Français, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il compte maintenir le "bouclier énergétique" mis en place pour limiter la hausse du prix des carburants.
S’il est une chose sur laquelle les deux opposants sont d’accord, c’est le soutien que la France doit apporter aux Ukrainiens, victimes de l’invasion russe. Toutefois, la candidate du Rassemblement National n’a pas manqué de rappeler son appréhension face au blocus des importations de gaz et de pétrole russes en Europe.
La thématique suivante était celle de la place de la France dans l’Union Européenne. Une place que la candidate Marine Le Pen voit d’un mauvais œil, car elle est davantage en faveur "du respect des nations souveraines." "L’Europe, ce n’est pas tout ou rien. Je souhaite rester dans l’UE et profondément la faire évoluer pour faire émerger une alliance européenne des nations", a-t-elle tenu à clarifier.
Une réponse que le président sortant a du mal à croire. Lui refuse de "faire bande à part" et penche plutôt pour une Europe plus unie pour une vraie indépendance, selon lui.
Tout autre sujet qui a été au centre des débats depuis une récente annonce du président sortant : celui de l’âge de départ à la retraite. Emmanuel Macron reste sur ses positions, il souhaite décaler l’âge de la retraite à 65 ans, et ce progressivement, afin de financer les "progrès" à venir. En compensation, il souhaite que la pension des retraités ayant eu une carrière complète soit élevée à 1100 euros par mois. Seraient pris en compte, dans le calcul de l’âge de départ à la retraite, les métiers pénibles, les carrières longues et celles fracturées.
La candidate Marine Le Pen, elle, s’oppose à l’idée de son opposant et souhaite que l’âge de départ à la retraite soit situé entre 60 et 62 ans. Plus on a commencé à travailler tôt, plus tôt on devrait partir à la retraite, selon elle.
Emmanuel Macron a fait savoir sa gratitude envers le personnel soignant qui a connu des heures sombres devant la crise sanitaire.
Pourtant, son opposante, Marine Le Pen a tenu à lui rappeler : "Vous avez licencié 15.000 soignants parce que vous refusiez qu’ils ne soient pas vaccinés." Si elle est élue, la candidate compte réintégrer ces employés et investir 20 milliards d’euros sur cinq ans pour l’hôpital public et les Ehpad, dont "10 milliards sur la revalorisation salariale et 10 milliards pour le matériel".
Au cours de cet échange, lorsqu’est venu le moment d’aborder le thème de l’écologie, Emmanuel Macron Emmanuel Macron a relevé un point positif de son quinquennat en matière d’écologie : "On a doublé le rythme de réduction de gaz à effet de serre durant ce quinquennat." Il a, par ailleurs, qualifié son adversaire de "climato-sceptique." Celle-ci proposait, afin de contrer l’urgence écologique, de favoriser la consommation locale et française face aux importations.
La candidate du Rassemblement national a quant à elle qualifié le président sortant de "climato-hypocrite." Elle l’accuse de s’acharner sur les classes moyennes et modestes avec pour exemple l’interdiction de faire circuler des voitures anciennes dans les grandes villes. "Ça tombe toujours sur les mêmes, ceux qui n’ont pas les moyens. Oui à la transition, mais il faut qu’elle soit beaucoup moins rapide".
Pour Emmanuel Macron, en matière de sécurité, le résultat de son mandat est satisfaisant : "J’ai tenu mes engagements. 10.000 postes de policiers et de gendarmes ont été créés, qui sont maintenant sur le terrain."
Quant à Marine Le Pen, pour elle, immigration et absence de sécurité vont de paire. "Il faut régler le problème de l’immigration anarchique et massive, car elle contribue à l’aggravation de l’insécurité. C’est la raison pour laquelle je vais proposer un référendum aux Français pour changer radicalement la politique d’immigration." Elle ajoute également vouloir soutenir les forces de l’ordre et se positionne pour la "présomption d’innocence."
En matière d’immigration, la position de Marine Le Pen est restée indemne : "Je souhaite lutter contre l’islamisme. […] Je ne lutte pas contre une religion, je lutte contre l’idéologie islamiste. Il doit être combattu par une République fière d’elle-même, pas honteuse." Pour se faire, elle compte expulser les fichés S de la France, fermer une centaine de mosquées "radicales" et interdire le port du voile dans l’espace public.
Sur ce point, Emmanuel Macron n’a pas hésité à faire connaître son désaccord et son inquiétude :"D’une question sur le voile, vous êtes passée au terrorisme pour revenir à l’islamisme et pour aller aux étrangers. Vous créez un système d’équivalence qui confond tous les problèmes. La laïcité, ce n’est pas combattre une religion. Avec moi, il n’y aura pas d’interdiction des signes religieux dans l’espace public. Si vous interdisez le port du voile, vous allez créer une guerre civile. Ce que vous proposez est très grave. La France serait le premier pays au monde à interdire les signes religieux dans l’espace public, ce n’est pas le respect de nos valeurs, ce sera infaisable. C’est une trahison de l’esprit français."