Une étude montre que 3 Français sur 4 n’arrive pas à manger 3 repas par jour. Le gouvernement prévoit de présenter jeudi son programme de lutte contre la pauvreté. Un fléau qui touche encore plus La Réunion que la métropole.
Le Secours populaire a diffusé en début de semaine son baromètre sur la précarité. Le sondage réalisé par l’institut Ipsos évoque principalement l’alimentation.
Les personnes interrogées estiment à 86% qu’éprouver d’importantes difficultés à manger sain et équilibré fait partie des signes de pauvreté.
Les sondés évoquent en majorité considérer que l’alimentation est un poste de dépense problématique dans le budget.
Une personne sur 5 affirme ne pas pouvoir manger trois repas par jour.
Annick a 56 ans. Ses problèmes de santé ne lui permettent pas de travailler. Elle vit avec un budget alimentaire de 90 euros par mois.
Pour le café, elle réutilise les dosettes afin de tenir sur le mois et plus. La quinquagénaire doit aussi sauter des repas dans la journée.
"Pour faire des économies, je saute. Je préfère attendre le prochain repas comme ça j’apprécie mieux. Au lieu de manger une saucisse et ne pas l’apprécier ou l’apprécier et ne plus rien avoir le lendemain, je préfère manger la moitié et attendre pour le reste", explique Annick.
Les privations quotidiennes ne concernent pas que la nourriture mais aussi d’autres secteurs. Elle n’a pas de machine à laver, de gazinière. Elle récupère les meubles comme son lit qu’elle a récupéré alors que sa voisine s’apprêtait à le jeter. La quinquagénaire à dû le réparer pour pouvoir l’utiliser. Son matelas vient lui du Secours Catholique. Pour les vêtements, elle n’en achète qu’un par an, le reste est récupéré.
De plus en plus de Réunionnais connaissent des difficultés. Les demandes de colis alimentaires augmentent de 15 à 20% par an à la Croix Rouge. Les profils de ces personnes changent au fil des années : "Ce sont maintenant des gens qui sont salariés mais qui au vu des factures, des charges, ne peuvent plus se nourrir en fin de mois et sont obligés de se tourner vers une assistante sociale. Il y a aussi des jeunes qui dépendent de la Mission Locale", explique Robert Moutalou, président de la Croix Rouge.
L’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) avait révélé que la pauvreté est beaucoup plus présente à La Réunion (40% de la population) qu’en métropole (14%).
La pauvreté concerne davantage certaines petites communes rurales : plus d’un habitant sur deux à Salazie (60 %), Sainte-Rose (56 %), Cilaos (54 %) et Saint-Philippe (51 %).