Les épidémies se multiplient et se propagent de plus en plus vite. Comment expliquer cette croissance des pandémies ? Réponse avec Serge Morand, chercheur au CNRS-Cirad.
Des virus, nés chez les animaux et transmis à l’homme, dans les années 1960, ont en dénombre 100 par an. En 2010, ils sont près de 500.
La multiplication de la transmission de virus à l’Homme ne serait pas due aux animaux eux-mêmes, ni à leur comportement mais semble bien être une conséquence du comportement de l’Homme, qui à travers son développement bouleverse les écosystèmes.
"Les habitats traditionnels de la faune sauvage sont en diminution. Parfois ces animaux sont obligés de migrer, vont sur des zones où il y a de l’élevage, où il y a des humains, donc les transmissions sont beaucoup plus importantes", explique Serge Morand, chercheur au CNRS-Cirad.
Le virus Nipah (NiV), survenu en Malaisie dans les années 1990, est semblable au coronavirus. Le pays abrite une espèce de chauve-souris frugivore. L’animal, vivant en forêt, a vu son habitat remplacé par l’installation de champs de Palmes, produit fétiche des industriels de l’agroalimentaire. Contraintes à migrer, les chauves-souris trouvent refuge aux abords d’élevage porcins semi-industriels. Les porcs ingèrent alors les déjections des chauves-souris, contenant le virus. Ces derniers infectent les éleveurs. Le virus fait ainsi une centaine de morts et est responsable de l’abattage d’un million de porcs destinés à l’exportation, dans le but de stopper la maladie.
Si le nombre d’épidémies augmente, les flux mondiaux, sont eux aussi de plus en plus importants. En 40 ans, le trafic aérien a été multiplié par 7, tandis que la population mondiale a presque doublé.
Ces facteurs permettent aux épidémies de se développer de plus en plus vite. Selon certains scientifiques, il existerait plus de 300 000 virus que nous connaissons pas encore chez les mammifères.