Deux semaines maintenant que le pétrolier Tresta Star s’est échoué à Saint-Philippe. Alors que le démantèlement du bateau n’est pas encore terminé, un début de pollution au fioul a été repéré. Ce dimanche 19 février, les militants d’Extinction Rebellion Réunion, Attac Réunion et Greenpeace Réunion, alertent les autorités quant au risque majeur de la marée noire à Saint-Philippe pour l’environnement.
"Suite au naufrage du souteur Tresta Star dans la nuit du jeudi 10 février 2022, votre analyse de la situation vous a fait déclarer, Mr Lecornu, "qu’il n’y avait à ce stade pas de risque de pollution maritime grave par hydrocarbure." Le navire Tresta Star ne transportait pas de polluant, toutefois, il aurait contenu dans ses cuves sa réserve de 8m3 de gazole de propulsion, soit 8000 litres de carburant, déclaré par l’armateur.
Vous avez accepté cette "petite" pollution puisque, selon le Préfet de la Réunion, Mr Billant, "le gazole de propulsion, léger et volatile, devait se disperser sans risque "majeur" pour l’environnement". Vous vous êtes alors déchargé de tout plan urgent de dépollution en n’activant pas immédiatement le plan POLMAR, qui aurait été un minimum de principe de précaution.
L’urgence était pourtant évidente au vu de la période cyclonique, les Réunionnais savent qu’après un cyclone, les systèmes dépressionnaires tropicaux s’enchaînent.
Et aujourd’hui, à St Philippe une nappe d’hydrocarbure de 2km de long se repend sur la mer ! Comment arriver à une telle pollution avec 8000 litres de carburant ? Nous aurait-on menti ? M. Rivière, maire de Saint Philippe, commune sur laquelle s’est échoué le bateau affirme que 21 m² ont été pompés depuis le 9 février ! Et le pétrole répandu n’est qu’une partie du problème : dans quel état ce bateau fracturé sera-t-il après avoir subi la houle du cyclone Enmati ? Combien de morceaux va-t-il falloir récupérer, combien de matériaux polluants vont-ils se retrouver coulés et/ou répandus au pied de notre volcan ?
Le Dimanche 6 février, des militant-es de XR (Extinction Rebellion) Réunion, Attac Réunion et Greenpeace La Réunion se sont retrouvés auprès du bateau échoué afin de poser des questions et obtenir des réponses du Ministre des Outre-Mer et du Préfet de la Réunion : « Est-on préparé, au niveau sécurité environnementale, à une éventuelle marée noire comme ce fut le cas pour notre voisine Maurice ? » La réponse est non.
Le plan POLMAR pour POLlutionMARitime a été déclenché, seulement hier, le 18 février, treize (!) jours plus tard, malgré les inquiétudes et alertes formulées par la population et les collectifs soucieux de notre environnement.
De plus, à la question « qui va dépolluer ? », votre réponse a été « pollueur payeur ». Mais comment s’en remettre à des industriels avides de rentabilité et qui mentent sur leur cargaison ? Le plan devrait être capable de répondre dans l’urgence par les moyens de l’état et ensuite de faire payer la facture au pollueur.
Vous vous cachez derrière la responsabilité des industriels, voilà la problématique de votre inefficacité. Vous ne mesurez pas les conséquences et les dédommagements ne règlent en rien la pollution. Arrêtez votre mascarade de gestion de crise, nous ne sommes pas dupes.
Au vu de la mise en place tardive de votre plan, la responsabilité de l’analyse de la situation appartient également à Eric Mévélec directeur de la mer sud océan indien ainsi qu’au préfet de la réunion, M. Billant en collaboration avec le Ministre des outre-mer M. Lecornu. Apparemment votre chaine de commandement est défaillante.
Au lieu de tenter de vous dédouaner de toute responsabilité, nous pensons qu’il serait plus efficace de réfléchir aux dysfonctionnements de votre plan afin de répondre efficacement aux prochains accidents, qui mettront encore en péril notre environnement. Parce que tant que notre ile sera dépendante du pétrole, dépendante des importations, ces accidents seront malheureusement inévitables ! Encore une fois, nous l’assénons, il est l’heure de basculer vers la transition énergétique !
Il n’y a pas de petite pollution pour notre île à la biodiversité unique et fragile. Nous devons la protéger !"