Dans le cadre d’une étude portant sur la cartographie de la pauvreté à La Réunion, l’INSEE souligne que le département fait face à une très forte précarité monétaire avec 40 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté métropolitain. Les fragilités sociales sont toutefois d’un niveau différent selon les quartiers. Les difficultés les plus importantes se concentrent dans 13 quartiers urbains pauvres.
Selon la cartographie de la pauvreté réalisée par l’INSEE : Les difficultés les plus importantes se concentrent dans 13 quartiers urbains pauvres, ce qui représent 100 300 habitants, soit 12 % de la population réunionnaise.
Selon l’INSEE, ces 13 quartiers urbains "cumulent manque d’emplois, nombreux logements sociaux et dépendent fortement des prestations sociales".
Les habitants de quartiers pauvres plus ruraux sont davantage propriétaires de leur logement et reçoivent un peu moins d’aide sociale.
À l’opposé : "dans des quartiers plus aisés, le taux de pauvreté est près de deux fois moindre que la moyenne réunionnaise, mais il reste bien plus élevé qu’en métropole".
L’INSEE souligne que "la situation s’est dégradée entre 2010 et 2015 dans les quartiers urbains qui cumulaient déjà les difficultés socio-économiques, alors qu’elle s’améliore dans les quartiers pauvres plus ruraux et les quartiers moins pauvres et éloignés des centres-villes".
Les Réunionnais font face à une précarité monétaire beaucoup plus importante qu’en métropole : "en 2014, 40 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté métropolitain, qui s’élève à environ 1 000 euros par mois et par unité de consommation (UC, définitions), soit trois fois plus qu’en métropole. Fin 2016, 94 000 bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (RSA) sont recensés à La Réunion, soit 17 % de la population âgée de 15 à 64 ans".
Ces situations de précarité affectent de manière différenciée les 114 grands quartiers réunionnais
L’INSEE précise que "le taux de pauvreté monétaire s’échelonne de 15 % à Sainte-Marie La Mare à 61 % à Saint-Louis-Sud. De même, la part des familles monoparentales, plus exposées à la pauvreté, varie de 14 % à La Possession Ravine à Malheur 56% au Port-ZAC. La part de logements sociaux culmine à 78 % au Port ZUP, alors qu’ils sont par exemple rares à
La Mare et au Plate".
La pauvreté monétaire, la structure familiale et l’habitat sont les principaux facteurs socio-économiques qui différencient les quartiers entre eux, des plus précaires aux plus favorisés. Les grands quartiers sont déclinés ici en cinq groupes, présentant des caractéristiques homogènes au regard de ces facteurs
Quartiers urbains qui cumulent les difficultés socio-économiques
Rassemblant 100 300 habitants, soit 12 % de la population réunionnaise, ces treize quartiers cumulent les fragilités économiques et sociales les plus aiguës de l’île.
"Il s’agit de quartiers urbains, chacun d’eux comprenant au moins un quartier de la politique de la ville sur son territoire. Ils sont principalement situés au Port, à Saint-Louis, ainsi que dans les villes de l’Est, à Saint-André et Saint-Benoît".
En 2014 : "52 % des habitants de ces quartiers vivent sous le seuil de pauvreté, soit 12 points de plus que la moyenne régionale. La pauvreté culmine à Saint-Louis Sud (61 %) et au Port-ZAC (55 %).
Cette forte précarité sociale est d’abord liée à la faible proportion des habitants en âge de travailler qui ont un emploi et donc à la faiblesse des revenus d’activité qui en découle. Bien qu’assez proches des principaux pôles d’emplois, seulement 34 % des personnes de ces quartiers sont en emploi, contre 45 % en moyenne".
Cette précarité est aggravée par des structures familiales qui pèsent sur les niveaux de vie : beaucoup de familles nombreuses (14 % contre 10 % en moyenne sur l’île) et de familles monoparentales (45 % contre 31 %). Les familles monoparentales sont plus que les autres en situation de pauvreté, la majorité des parents concernés n’ayant pas d’emploi. En conséquence, les enfants sont particulièrement touchés par la précarité dans ces quartiers : 63 % vivent sous le seuil de pauvreté.
Quant aux jeunes de 16 à 24 ans, "ils peinent encore plus qu’ailleurs sur l’île à s’insérer sur le marché de l’emploi : 42 % de ces jeunes ayant arrêté leurs études n’ont pas d’emploi, contre 35 % en moyenne sur l’île".
Du fait du manque d’emplois et des structures familiales qui prédominent dans ces quartiers, les ménages sont particulièrement dépendants des prestations sociales (prestations familiales, prestations logement et minima sociaux) : un ménage sur cinq en dépend entièrement, soit deux fois plus qu’à La Réunion. Ils perçoivent ainsi en moyenne 360 euros mensuels par UC de prestations sociales contre 250 euros à La Réunion
Logés pour la majorité d’entre eux dans un logement social (55 % contre 21 % à La Réunion), les habitants de ces quartiers sont en outre davantage concernés par les situations de surpeuplement qu’au niveau régional : 23 % contre 14 %. C’est notamment le cas dans les quartiers de Saint-Paul Grande Fontaine (35 %) et du Port-ZAC (32 %)
Deux fois plus de ménages totalement dépendants des prestations sociales dans les 13 quartiers les plus précaires
Dans les quartiers urbains qui cumulent les difficultés, les habitants perçoivent en moyenne 360 euros de prestations sociales par mois et par UC.
Représentant le quart de la population de l’île, "27 quartiers se caractérisent par une pauvreté très élevée, à peine moins que le groupe précédent (47 %)".
Ces quartiers se distinguent en revanche par leur localisation géographique : il s’agit de communes à dominante rurale (Cilaos, Salazie, Sainte-Rose, Saint-Joseph et Saint-Philippe) et de zones périphériques de villes étendues comme Le Tampon ou Saint-Paul. Les deux tiers des habitants de ces quartiers habitent dans le Sud.
L’INSEE précise que davantage de ménages propriétaires et de bénéficiaires de l’allocation de solidarité aux personnes âgées vivent dans les quartiers pauvres ruraux.
Autre information révélée par l’INSEE : dans les quartiers vulnérables proches des centres villes : deux fois plus de ménages vivent dans un logement social.
Dans ces quartiers, contrairement aux ménages vulnérables vivant près des centres-villes, les habitants sont majoritairement propriétaires de leur logement (62 % des ménages). Il s’agit d’une maison individuelle dans la plupart des cas. Les habitants bénéficient alors de conditions de logement plus favorables : seuls 11 % d’entre eux sont en situation de surpeuplement, soit deux fois moins que ceux du groupe précédent et légèrement moins que la moyenne régionale (14 %).
Rassemblant un Réunionnais sur six, 19 quartiers sont nettement moins défavorisés que les autres à La Réunion.
L’INSEE précise que ces quartiers sont situés pour l’essentiel dans quatre communes du Nord et du Nord-Ouest (Saint-Denis, Sainte-Marie, La Possession et Saint-Paul), à proximité des deux principaux pôles d’emplois de l’île.
"Les habitants de ces quartiers ont un niveau de vie médian comparable à celui de métropole. Toutefois, le taux de pauvreté de 24 % y est près de deux fois supérieur à la moyenne nationale".
En effet, les inégalités de revenus y sont nettement plus fortes qu’ailleurs : "le niveau de vie plancher des 10 % de personnes les plus aisées est 5,4 fois supérieur au niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes, contre 4,7 fois à La Réunion".