Dans le cadre du plan de relance de l’économie annoncé par le gouvernement, Philippe Gustin, le directeur de cabinet de Sébastien Lecornu détaille les mesures concernant les Outre-mer.
Suite aux annonces du ministre des Outre-mer concernant le Plan de relance économique, Philippe Gustin, directeur de cabinet de Sébastien Lecornu a précisé les mesures concernant les territoires d’Outre-mer. Il s’agit donc d’une déclinaison du plan de relance national au niveau territorial.
L’ensemble de ces mesures feront l’objet du vote de la loi de finances 2021, et entrera en vigueur au 1er janvier 2021. Le plan s’étale sur les années 2021 et 2022.
Philippe Gustin, l’ancien préfet de la Guadeloupe, a d’abord fait le bilan de l’action du gouvernement dans les Outre-mer depuis le début de la crise, en termes de mesures d’urgence économiques.
Pour l’ensemble des Outre-mer, 3,8 milliards d’euros ont été mobilisés. 2,6 milliards d’euros font l’objet de prêts garantis aux entreprises. Ces derniers concernent plus de 13 000 entreprises ultra-marines.
425 millions d’euros ont été débloqués au titre de l’activité partielle, qui a couvert, selon le ministère des Outre-mer, 75% du secteur privé ultra-marin.
450 millions d’euros de charges fiscales et sociales ont été reportées, ce qui représente au total près de 4 milliards d’euros pour les Outre-mer depuis le début de la crise. "Cette crise est encore présente, et il faut que nous nous préparions à relancer les économies de nos Outre-mer qui ont été affectées par cette crise Covid", explique Philippe Gustin.
Il a ensuite présenté le schéma global de ce plan de relance. "Il doit permettre de relancer l’économie avec un axe qui doit renforcer la compétitivité de ces entreprises. Il doit se faire dans un temps limité, sur les 2 prochaines années, et doit avoir des déclinaisons locales visibles".
Le directeur de cabinet de Sébastien Lecornu a décliné ce plan de relance en plusieurs axes.
Le premier axe du plan concerne la cohésion sociale et territoriale. "Cette crise covid-19 a eu un impact sur l’économie, donc sur l’emploi, ce qui a contribué à la fragilisation des territoires", a indiqué Philippe Gustin, qui estime que sur les 100 milliards d’euros du plan de relance, autour de 1,5 milliard sera consacré aux territoires d’Outre-mer.
Le champ social comprendra une déclinaison de mesures concernant l’ensemble des soutiens à l’emploi, à la formation avec une augmentation non-négligeable du nombre de Parcours emploi compétences (PEC) et les contrats aidés.
"Les Outre-Mer sont les principales consommatrices des contrats aidés, c’est pourquoi on aura une augmentation de ces dotations dans ces territoires", a justifié Philippe Gustin. Aujourd’hui La Réunion consomme 15% des PEC nationaux.
En ce qui concerne le chômage partiel, "Il va continuer en fonction des secteurs et des territoires", assure-t-il. "Mayotte et la Guyane sont encore en état d’urgence, et certains secteurs comme le tourisme ou la culture en bénéficient encore. On pourra avoir des déclinaisons ad hoc en fonction des territoires".
Le deuxième axe de ce plan de relance concerne la rénovation des réseaux d’eau et d’assainissement. Il s’agit d’augmenter la production d’eau potable pour faire face aux pénuries que connaissent notamment les Antilles, Mayotte, et la Guyane. Selon Philippe Gustin, 50 millions d’euros seront consacrés aux questions liées à l’eau potable dans les Outre-mer.
Même si l’eau ne relève pas de la compétence de l’Etat, il intervient parce que cela touche à une problématique de santé publique, et d’ordre public, explique le chef de cabinet. "Dans le cadre d’un plan de relance, je ne vois pas comment on peut envisager de relancer l’économie si on n’est pas capable d’accéder à l’eau courante".
Le troisième axe du plan de relance porte sur la mise aux normes des bâtiments publics. "Il s’agit de consolider les bâtiments de l’Etat mais également les écoles, lycées, collèges. Dans les Antilles seulement 20 à 30% des élèves sont dans des bâtiments sécurisés. On a le même problème dans les hôpitaux", explique Philippe Gustin.
Le quatrième axe porte sur l’agriculture, avec des rallonges de crédits qui permettront une accélération de la transformation agricole. Le directeur de cabinet a mis l’accent sur la modernisation des abattoirs et des agro-équipements. Il s’agit d’accompagner la transformation agricole avec pour objectif la souveraineté alimentaire dans les territoire ultra-marins. "La Réunion sera particulièrement concernée par les mesures de souveraineté alimentaire. C’est un territoire en avance par rapport aux autres en la matière, ces mesures pourront apporter un booster à la transformation agricole sur l’île".
Il a souhaité rappeler que toutes les mesures étaient liées au "verdissement" de l’économie. "Une bonne partie de ses mesures concernent le verdissement de l’économie. Au niveau national, 30% du plan y sera consacré", a-t-il expliqué. "Les territoires d’Outre-mer sont particulièrement avant-gardistes sur les questions de préservation de la biodiversité". Au niveau national, 7 milliards d’euros seront consacrés à la rénovation énergétique. "Ces mesures s’appliquent également en Outre-mer", a indiqué Philippe Gustin.
Les collectivités locales vont également bénéficier de ce plan de relance à hauteur d’environ 200 millions d’euros au titre de la garantie de recettes fiscales, afin de compenser celles qu’elles n’ont pas reçu pendant la crise. Les collectivités locales auront également une enveloppe de 50 millions d’euros afin de soutenir les actions de développement local.
"Nous aurons enfin un accompagnement des collectivités par des prêts garantis par l’État, qui représentent déjà 240 millions d’euros aujourd’hui", a conclu le chef de cabinet ministériel.
Il a précisé que chaque territoire pourra décliner son plan de relance en fonction des spécificités et des besoins locaux, autour des préfets et des haut-commissaires, "avec le souci d’une articulation des financement des collectivités locales et les importants moyens octroyés par l’Union Européenne".
"Il y aura la possibilité pour les Outre-mer d’émarger sur les sujets comme les déchets, les transports, etc. à des lignes prévues dans le sens global, sans pour autant donner des montants bien fléchés", a précisé Philippe Gustin. "Un travail va devoir être fait territoire par territoire en fonction du cadre de chacun. Le travail qu’il nous reste à faire c’est celui de la déclinaison locale de l’ensemble de ces mesures. Un travail qu’on a commencé avec les préfets".
Philippe Gustin a insisté sur un point : ce plan de relance est voué à soutenir des projets déjà existants, à les renforcer et les accélerer, plutôt qu’à les créer. "On ne recycle pas, on est un accélérateur. Le but c’est d’avoir des effets concrets, rapides sur les territoires. La faiblesse des Outre-mer c’est la lenteur de montage de projets. Il ne s’agit pas de réinventer l’eau tiède mais de s’appuyer sur ce qui est dans les tuyaux, et rajouter des financements de l’Etat. Voilà la philosophie générale de ce plan de relance".
C’est dans cet esprit que ce plan de soutien financier permettra d’accélérer le chantier de la Nouvelle route du littoral. Interrogé sur cette question, Philippe Gustin assure que les montants alloués au projet de la région ne sont pas encore arrêtés. "On dépend des appels d’offres, et la contribution de l’Etat sera calculée en fonction des besoins besoins généraux, et de ce que le Conseil régional pourra amener comme contribution", a-t-il expliqué.