Les acteurs politiques de l’île réagissent aux annonces du Plan de relance Outre-mer.
" Je tiens à saluer l’engagement du Ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui a réussi à mobiliser 1,5 milliards d’euros dans le cadre du Plan de relance. Nos territoires ultramarins retrouvent enfin leur juste place. Dans ce plan pour les Outre-mer, le Ministre a su répondre aux véritables attentes des Réunionnais
pour permettre une relance rapide, notamment au travers des travaux routiers, l’augmentation du nombre de PEC, la rénovation des réseaux d’eau, le soutien au monde agricole. Enfin, je salue également le Gouvernement et les services de l’État pour avoir réaffirmé comme urgent et prioritaire la fin des travaux de la Nouvelle Route du Littoral pour la sécurité de tous, ainsi que son engagement dans le cadre du protocole qui sera présenté à la commission permanente du 8 septembre. Les bases d’une véritable politique pour le développement des Outre-mer sont enfin posées ", indique Didier Robert, président de la Région Réunion
Le plan de relance annoncé par le Premier ministre est certes ambitieux sur le plan national mais insuffisant pour les Outre-mer. Sur les 100 milliards affichés, le montant du plan de relance spécifiquement ultramarin pour 2020-2021 est de l’ordre de 1,5 milliards d’euros, soit environ 300 millions d’euros par an pour La Réunion.
Ce montant est à rapprocher avec les annonces déjà faites par le Ministre des Outre-mer Sébastien LECORNU, soit 120 millions pour les collectivités, 60 millions de diminution d’impôts pour les entreprises, le financement du chantier de la nouvelle route du littoral,…
En réalité, ces mesures en l’état ne me semblent pas pouvoir impulser une réelle relance en matière économique sinon atténuer un peu le nombre de faillites d’entreprises et l’explosion du chômage. Pour nos économies ultramarines, je ne vois notamment pas dans les sommes annoncées de relance pour le tourisme, le logement ou le financement des énergies nouvelles…
Ce plan me semble adapté à une situation hexagonale avec un effort très important concernant la compétitivité des entreprises (20 milliards d’impôts en moins sur 2 ans) mais sa déclinaison outre-mer est loin d’être satisfaisante car il risque d’engendrer des effets d’aubaine avec peu d’impact sur la création d’emplois et la formation des jeunes.
Avec 42% des jeunes réunionnais au chômage, notre responsabilité est de défendre d’abord des mesures de formation et d’emploi des jeunes en entreprises dans lesquelles l’accompagnement public doit être une contrepartie de l’implication sociale. Les personnes plus âgées doivent bénéficier plus largement des contrats aidés dans les collectivités ou dans les grands services publics.
"100 milliards d’euros pour relancer le pays !
Le défi est de taille pour notre Gouvernement. Surtout après les évènements qui ont marqué nos territoires ces 2 dernières années : un mouvement Gilets-Jaunes toujours d’actualité et une situation sanitaire en crise.
Le tissu économique a essuyé plusieurs coups de massue. Il est évident qu’aujourd’hui ces annonces eurent été très attendues.
Depuis 2018, les politiques locaux ne cessent d’alerter nos décideurs des dangers que présentent les différentes mesures prises. Celles-ci avaient marqué l’opinion publique, tant elles se présentaient comme un cadeau fait aux entreprises. Les indicateurs sociétaux, nous, nous les rencontrons chaque jour. Plusieurs témoignages et sollicitations nous ont amené à maintes reprises à dénoncer la ligne politique conduite par le Président Emmanuel Macron. Cette tendance à l’accroissement du taux de chômage chez nos moins de 25 ans ; ce déséquilibre entre les dispositions en faveur du social et le contexte sociétal ; cette iniquité fiscale entre ceux qui gagnent bien et ceux qui paient tout ; ces difficultés à accéder et connaître les droits.
Subséquemment, cette crise sanitaire est intervenue et a causé une fragilisation inquiétante de notre économie. Cette addition de mesures en faveur des entreprises depuis 2017 n’a finalement pas atteint les objectifs fixés. Pire, aujourd’hui elle semble complètement désuète face au contexte actuel et au moral des Françaises et des Français. Le terme de « cadeau » est aujourd’hui retenu.
Pour le 1er Ministre, il s’agit avant tout d’éviter que notre économie s’effondre. « Réinjecter massivement de l’argent dans l’économie pour que les entreprises repartent ». En « espérant que le plan de relance en 2021 créera 160 000 emplois ».
L’objectif aurait été bon s’il n’était pas conditionné à « l’espoir ». Les Réunionnaises et les Réunionnais, eux, n’y croient plus. Dire que le « dialogue social est fondamental » dans cette période est une évidence. Surtout lorsque l’on sait qu’aucune place ne lui a été donnée durant ces trois premières années de gouvernance.
En ce sens, préparer l’avenir et vouloir éviter les licenciements sont de beaux projets, ce qui détonne c’est surtout l’absence de conditions, notamment en matière de fiscalité. Il est inquiétant de savoir que 20 milliards d’euros seront fléchés sur de la baisse d’impôts de production sans contreparties fiscales, écologiques et sociales. Relancer l’économie c’est bien, mais sans accroître le pouvoir d’achat des Français, les recettes ne changeront pas. Nous devons conditionner les aides publiques dans le cadre de la relance à la création d’emplois et à une non-suppression des emplois actuels. Rien n’a été annoncé sur les salaires, sur l’économie de proximité et les petits commerces. Nonobstant, encore une fois, nous devons encore rêver à l’éventualité d’une traduction de ce plan de relance pour les Outre-mer. Encore une fois, nos territoires ont été oubliés. Si ce n’est que dans les 1,5 milliards d’euros prévus pour les Outre-mer, une partie sera mobilisée pour la gabegie du chantier de la Nouvelle Route du Littoral."
"Alors que les inquiétudes liées à une nouvelle vague de Covid-19 se font de plus en plus pesantes partout en Métropole et en Outre-mer, le Gouvernement a décidé d’aller vite et fort en présentant le plan Relance France doté d’une enveloppe de 100 milliards d’euros sur 2 ans.
Le Premier ministre l’a assuré, il s’agit de retrouver juste avant les élections présidentielles de 2022 les niveaux de richesse et de croissance perdus brutalement à cause de l’épidémie de coronavirus.
Je le dis simplement, ce plan de relance décidé par le Président de la République, je l’accueille très favorablement, parce que je considère qu’il va dans le bon sens, celui de l’emploi, de la formation, de l’industrialisation dont une part considérable revient à la transition écologique et à la numérisation de notre tissu économique. Je qualifie donc ce plan de résolument moderne. Il appartient à tous les acteurs et décideurs locaux de s’en emparer pleinement pour faire aussi de La Réunion un territoire industriel, innovant et solidaire.
Toutefois, je suis beaucoup plus nuancé sur la méthodologie et la répartition de l’enveloppe de ce plan de relance qui ne me semble pas suffisamment adaptées aux spécificités locales.
D’abord, le Premier Ministre Jean CASTEX et le Ministre de l’Economie Bruno Le Maire affirment que la méthode est celle de la territorialisation de toutes les mesures annoncées.
Mais sous quel angle exactement ? Celui de la déconcentration ou celui de la décentralisation ?
A vrai dire, ce plan de relance ne réussira qu’à condition que le pilotage revienne clairement et directement à chacune des Collectivités territoriales réunionnaises, ou à défaut à la Conférence Territoriale de l’Action Publique, pour les domaines de compétences qui sont les leurs et ce, avec l’appui et le soutien de tous les services de l’Etat à La Réunion et non pas l’inverse. Et c’est là que l’idée de simplification peut s’avérer des plus efficaces.
La confiance et l’efficacité territoriales se situent naturellement au niveau d’une décentralisation adaptée et aboutie. Ne nous enfermons pas dans une étatisation du plan en se concertant de temps en temps avec quelques élus, mais allons jusqu’au bout de la territorialisation grâce à un pilotage en direct par les Collectivités territoriales du Plan de relance.
Ensuite, j’aurais souhaité que le Gouvernement veille scrupuleusement à une parfaite équité dans la répartition des 100 milliards en fonction de l’importance des populations, territoire par territoire puisque le Gouvernement parle de territorialisation du plan. La Réunion compte environ 900 000 habitants sur les 66 millions de Français, ce qui reviendrait de manière proportionnelle à environ 1,36 milliard d’euros pour le territoire de La Réunion. Or, c’est une enveloppe de 1,5 milliard d’euros qui a été allouée à tous les Outre-mer. Les comptes n’y sont pas. Pour La Réunion, c’est 1,36 milliards d’euros, pas moins !
Grâce à ce plan qu’il convient d’adapter localement, La Réunion devrait retrouver quelques couleurs et accélérer le processus déjà engagé depuis des années en matière de transformation de son économie en devenant un territoire sécurisé, moderne, démocratique et durable et qui soit moteur dans l’Océan Indien. J’appelle le Gouvernement à ne pas se contenter de simples concertations mais à responsabiliser et à doter les Collectivités territoriales de tous les moyens pour que le plan de relance soit efficace et durable à La Réunion et pour les Réunionnais."