La forte activité du Piton de la Fournaise a provoqué une faille sur le flanc Est du volcan, détachant un bloc de 45 km³ qui, sur les vingt-deux dernières années, s’est déplacé de 30 cm vers la mer, soit 1,4 cm en moyenne par an.
Un mécanisme de glissement inédit du flanc du volcan du Piton de la Fournaise a été révélé par l’imagerie satellitaire. Avec la forte activité du Piton de la Fournaise, sur ces vingt-deux dernières années, des injections successives de magma ont provoqué une faille sur le flanc Est du volcan.
C’est ce que révèle une étude des chercheurs du Laboratoire Magmas et Volcans (CNRS, Université Clermont Auvergne) et de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise (Institut de Physique du Globe de Paris). Ce bloc de 45 km³ se déplace de 1,4 cm vers la mer, soit 30 cm en vingt-deux ans.
Ces chercheurs proposent ainsi un nouveau mécanisme de glissement de flanc. En interprétant, par des simulations numériques, les 57 éruptions imagées entre 1998 et 2020, les chercheurs montrent que la plupart des fractures magmatiques sont guidées par une structure majeure en forme de cuillère, ouverte vers la mer.
Cette structure est connectée, en surface, à des zones d’intrusions préférentielles bien connues sur le terrain. L’étude révèle ainsi un mécanisme de glissement inédit, caractérisé par un continuum allant de l’ouverture au glissement pur.
Les dépôts d’avalanche de débris au large des îles volcaniques témoignent de glissements de flancs récurrents. Comprendre l’origine des déstabilisations de flanc des volcans est un enjeu majeur, puisque les tsunamis et séismes qu’elles engendrent sont responsables de 24 % des décès liés au volcanisme.
La forte activité du Piton de la Fournaise (2,5 éruptions/an) et le suivi systématique de ses déplacements par imagerie satellitaire depuis plus de 20 ans, font de ce volcan un laboratoire naturel qui, bien souvent, éclaire sur le fonctionnement d’autres volcans à l’activité moins intense.
Lorsque le magma s’injecte dans la partie verticale de la structure, il l’ouvre, mais lorsqu’il force son passage dans la partie horizontale, celle-ci coulisse et entraîne avec elle l’ensemble du flanc vers la mer.
Cette structure se termine par une faille sismique, activée lors d’une éruption en 2007, mais qui est pour l’instant bloquée. A l’échelle des temps géologiques, des injections de magma répétées dans ce type de structure pourraient conduire à des séismes importants ou à des effondrements des flancs.