L’insécurité touche à nouveau le monde de la nuit. Une plainte a été déposée et une enquête est en cours sur une affaire de piqûre dans une boîte de nuit du sud de l’île, survenue il y a une dizaine de jours. La Réunion est désormais concernée par le phénomène des piqûres dans les discothèques. Le président de la branche nuit de l’UMIH, Angel Porras, se dit inquiet et désarmé.
Angel Porras, président de la branche nuit de l’UMIH, lance un appel aux pouvoirs publics pour pouvoir endiguer le phénomène des piqûres dans les boîtes de nuit.
"C’est un phénomène qui vient de métropole. On n’est pas armé pour l’endiguer. On a une maîtrise sur la sécurité à l’intérieur des établissements, mais on n’a aucune maîtrise sur ce phénomène", clame-t-il.
"On a déjà renforcé la sécurité depuis les bagarres. On ne peut fouiller les personnes qu’avec une autorisation spéciale. On contrôle les sacs et les pochettes des hommes sans fouiller à l’intérieur", poursuit-il.
"Ce qui nous préoccupe, c’est la sécurité de nos clients. Cela touche la santé des jeunes Réunionnais. On ne souhaite pas que ça se passe chez nous. On reste à l’écoute des pouvoirs publics pour nous dire comment faire", soutient Angel Porras.
Il y aurait, selon un gérant d’une boîte de nuit très renommée de Saint-Gilles, une recrudescence de la consommation de drogue dure dans les boîtes de nuit à La Réunion. Et, avec le phénomène des piqûres en boîtes de nuit qui gagne La Réunion, ce dernier se dit, forcément, inquiet.
S’il indique qu’il n’y a pas encore eu de cas de piqûre dans son établissement, le gérant de la boîte de nuit saint-gilloise souligne que même s’il y a une sécurité renforcée dans son établissement avec des fouilles au corps sans palpations ainsi que des détecteurs de métaux et des caméras de surveillance, il n’y a pas de dispositifs spéciaux pour ce qui est du phénomène des piqûres en discothèque.
"Heureusement que les forces de l’ordre sont là les week-ends. Cela aide beaucoup pour dissuader les personnes mal intentionnées. Mais, ce dont je crains c’est que cela puisse créer une psychose dans le monde de la nuit dans l’île", confie-t-il.
Comment distinguer le vrai du faux ? C’est la question que se pose Christine Rémy, gérante du Pinkananas et vice-présidente de la section nuit de l’UMIH.
Cette dernière explique que le phénomène des piqûres en discothèque est un phénomène qui dépasse son entendement et auquel elle ne comprend rien vu que les analyses toxicologiques ne révèlent rien.
Si ces phénomènes sont avérés, Christine Rémy indique : "Ce sont des faits intolérables et sur lesquels on ne peut pas faire l’impasse. C’est tolérance zéro. Cependant, tout comme les pilules, ce sont des choses qui sont facilement dissimulables et qui passent inaperçues. Il est impossible de les détecter s’il n’y pas de fouille corporelle. Mais, on ne peut pas fouiller les gens à l’entrée. Nous ne sommes pas les forces de l’ordre. En tant que gérant, c’est très compliqué pour nous".
La gérante du Pinkananas souligne, par contre, qu’il est important de faire attention à ne pas véhiculer de fausses informations. Il faut, selon elle, distinguer des cas avérés des simulations de la part de personnes qui veulent dissimuler un trop plein d’alcool.
"En tant que gérant, je fais tout pour que mon établissement ait une bonne réputation et qu’il reste un lieu de plaisir et non pas un lieu où l’on se fait droguer. Je ne minimise pas le phénomène. C’est un problème grave qui remet en cause mon activité", souligne-t-elle.
Répondant au fait qu’il y aurait une possible recrudescence de la consommation de drogues dures dans les discothèques à La Réunion, la gérante du Pinkananas prône une tolérance zéro. "On essaie d’être très vigilant. On informe notre personnel sur le sujet car on veut travailler le plus sereinement possible", indique-t-elle.
Si recrudescence de la consommation de drogues dures dans les discothèques à La Réunion il y a, c’est en raison de ces deux dernières années où l’on a joui d’une certaine liberté dans la clandestinité, selon Christine Rémy qui évoque ainsi l’organisation de fêtes sans aucune surveillance suite aux interdits. "Au retour dans les discothèques, les gens se laissent aller et font ce qu’ils veulent", explique-t-elle.