Selon un communiqué de l’INSEE, la grande pauvreté est 5 à 15 fois plus fréquente dans les départements d’outre-mer (DOM) qu’en France métropolitaine. Elle y est aussi beaucoup plus intense.
En 2018, 3 Réunionnais·es sur 10 sont touché·es par ces deux formes de pauvreté. La moitié de ces personnes sont concernées par la grande pauvreté : 120 000 personnes subissent ainsi une pauvreté monétaire plus intense et des privations sévères. Les personnes cumulant les deux formes de pauvreté sont très peu en emploi, leurs ressources dépendant de fait essentiellement des prestations sociales. Le cumul des pauvretés est cinq fois plus fréquent à La Réunion qu’en France métropolitaine et un peu plus qu’aux Antilles.
Une autre frange de la population, rassemblant 1,5 Réunionnais sur 10, est pauvre monétairement mais pas au sens de la privation matérielle et sociale. Elle réussit davantage à équilibrer son budget en limitant ses dépenses. À l’inverse, 1 habitant sur 10 est en privation matérielle et sociale malgré un niveau de vie supérieur au seuil de pauvreté monétaire.
Nettement plus souvent en emploi, cette population doit faire face à de nombreuses dépenses contraintes qui pèsent sur son budget. Sa satisfaction dans la vie est un peu moindre que pour la population pauvre au sens monétaire uniquement.
En 2019, près de quatre Réunionnais·es sur dix vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, équivalent à un revenu disponible inférieur à 1 100 € par mois pour une personne seule et à 2 300 € par mois pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans [Grangé, 2022]. Ils sont autant à être en situation de privation matérielle et sociale [Robin, 2020] : ces personnes ne sont pas en mesure de couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante sur treize considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir des conditions de vie acceptables (ne pas pouvoir remplacer des meubles usagés, ne pas pouvoir se payer une semaine de vacances, etc.). Ces deux façons d’approcher la pauvreté, l’une par les revenus et l’autre par les conditions de vie, sont complémentaires. Elles peuvent s’appréhender simultanément grâce à l’enquête « Statistiques sur les Ressources et Conditions de Vie »