Pascal âgé de 58 ans a entamé une grève de la faim depuis 5h ce mardi matin devant la mairie de Saint-Louis. Atteint de la maladie de Charcot, il perd l’usage de ses membres au fil du temps. Il explique qu’il n’a pas eu d’autorisation auprès de la mairie afin d’avoir un réaménagement adapté dans son logement.
"Je ne vais ni boire ni manger", voilà les paroles de Pascal 58 ans devant la mairie de Saint-Louis ce matin. Il entame une grève de la faim illimitée afin de dénoncer , selon lui, la passivité de la mairie de Saint-Louis :
"Je suis atteint de la maladie de Charcot et je perds l’usage de mes membres au fil du temps. J’ai demandé une autorisation pour avoir un réaménagement adapté dans mon logement mais je n’ai eu aucun retour de la mairie après de multiples demandes. Je ne peux plus attendre. Je sais que je mets ma vie en danger en faisant cette grève de la faim avec ma maladie, mais je ne vais rien lâcher", explique-t-il.
Pascal déjà paralysé de la main droite, a planté une pancarte à côté de lui devant la mairie de Saint-Louis.
Réponse de la mairie de Saint-Louis :
RÉACTION A LA « GRÈVE DE LA FAIM » PRÉCIPITÉE DU SWAMI PASCAL BOQUI-QUENI
« Je ne serai jamais l’otage d’attitudes disproportionnées, inappropriées, et qui plus est instrumentalisées ».
J’ai appris ce matin que Monsieur Pascal Boqui-queni, Swami d’un Ashram situé à l’Etang, avait décidé d’entamer une grève de la faim devant les jardins de la mairie.
Si cette situation interpelle et retient mon attention, il n’en reste pas moins que je fus pour le moins surprise en découvrant la teneur des propos de ce Monsieur sur son panneau. En effet, il y est inscrit : « Grève de la faim contre les méthodes hors-la-loi du maire de St-Louis. Jouez avec votre vie, pas la mienne ».
Si je peux comprendre l’émoi que ce genre d’action peut susciter dès lors qu’il s’agit de personne atteinte de maladie se disant en difficulté pour obtenir quelque chose d’une institution, …
si je peux également imaginer qu’en ayant une seule version des faits hors contexte, on peut vite être tenté de pointer du doigt la mairie,...
je tiens en revanche à mettre en lumière non seulement le caractère diffamatoire des propos de ce Monsieur mais aussi et surtout l’ampleur de la disproportion entre sa réaction et la réalité de son dossier.
En effet, il est primordial de se poser la question suivante : cette grève de la faim est-elle entamée après des mois et des mois de dépôt d’une demande et de silence de l’administration ?
NON, elle est engagée après une unique lettre de M. Boqui-queni portant demande d’autorisation réalisation de travaux dans son logement enregistrée en Mairie le 8 décembre 2022 et complétée d’un autre document le 4 janvier 2023. Soit donc à peine un mois après le dépôt de la demande, en pleine période de fin et de début d’année marqué par bon nombre de congés dans l’ensemble des administrations publiques.
Néanmoins, dès réception de ce courrier, une instruction du dossier a été lancée, la demande d’autorisation suscitant d’emblée les points de questionnements suivants :
Pourquoi ce serait à la Commune de délivrer une autorisation pour faire des travaux dans son logement ? Il est de notoriété publique que le Swami vit dans un logement abritant un Ashram. Il n’en serait donc pas le propriétaire ? L’intéressé ne demande pas une aide financière à la commune, mais une autorisation pour faire des travaux dans son logement avec d’ores et déjà acquise une aide de la MDPH. La Ville serait donc encore propriétaire d’un logement qui a depuis été transformé en Ashram ?
Si Monsieur Boqui-Queni est locataire d’un logement appartenant à la Commune, quels sont les liens contractuels existants aujourd’hui entre lui et la Commune et comment sont-ils exécutés ? Et quels sont les termes des autorisations délivrées antérieurement pour la transformation de son logement ?
On comprend donc ainsi qu’il ne s’agit pas d’un dossier lambda, mais bel et bien d’une situation complexe qu’il convient d’analyser avec attention.
Et ce sont d’ailleurs les premiers éléments d’éclairage que les services municipaux m’ont transmis sur ce dossier qui me font parler aujourd’hui d’attitude inappropriée et disproportionnée de la part du Swami Boqui-queni. La médiatisation qu’il a souhaité donner à cette affaire et l’instrumentalisation politique de sa démarche m’amènent donc aujourd’hui à étayer publiquement la réalité des faits.
Il n’y a aucune volonté de la part de l’équipe municipale que je conduis ni de la part de l’administration communale de ne pas venir en aide à un homme malade… Il y a en revanche la nécessité de faire la lumière sur ce qui s’avère être une situation de logement emblématique des errements de la gestion passée de la Commune.
Et vu l’état des archives de la Ville qui n’ont pas fait l’objet pendant des années d’une mise en conformité minimale, les 4 semaines qui sont passées n’ont pas été de trop pour reconstituer le fonds de dossier… et à l’heure où j’écris, d’autres zones d’ombre subsistent…
Monsieur Pascal BOQUI-QUENI est devenu locataire d’un T4 appartenant à la Commune en 1987 pour un montant de loyer inférieur à 60 euros. En 2002, un des anciens maires – qui a toujours la défaite amère et qui voudrait aujourd’hui sur les réseaux nous faire passer pour des élus sans cœur - a fait voter une délibération offrant à Monsieur Boqui-queni la possibilité de devenir propriétaire du logement pour une somme fixée à l’époque à 28 000 euros. Dans cette délibération, le principe que la vente se ferait déduction faite des loyers déjà encaissés pour calculer le montant des loyers restant à payer pour finaliser la vente.
Les investigations internes que nous avons menées ont fait apparaître que cette vente n’a jamais pu aboutir en raison d’un nombre important de loyer impayés pendant de nombreuses années. Un relevé de la situation actuelle laisse toujours apparaître les mêmes manquements de la part du locataire.
Il est donc particulièrement inapproprié quand on est locataire d’un bien communal sans s’acquitter pleinement de l’ensemble des maigres obligations attachées à ce statut de venir traiter son propriétaire d’ « hors-la-loi ». Combien de familles saint-louisiennes et riviéroises sont aujourd’hui en difficultés de logement et apprécieraient de se voir offrir des conditions de logement aussi avantageuses ?
Aussi, bien que nous sommes sensibles à sa situation de santé, il nous était impossible, s’agissant de bien public, donner un blanc-seing à ce monsieur dès lors que sa demande a soulevé les questionnements sur la propriété de son logement et les conditions de son occupation.
Après la phase d’instruction qui a été menée et qui reste ouverte sur certains points, la Commune étant finalement toujours propriétaire du logement de M. Pascal Boqui-queni, nous allons délivrer cette semaine une autorisation de réalisation de travaux en lien exclusif avec les adaptations nécessaires à son handicap telles que prescrites par la MDPH.
La Commune va également demander à son locataire de respecter l’ensemble de ses obligations, notamment celle de s’acquitter de son loyer qui est d’un montant inférieur à 60 euros pour un F4 situé sur un 350m2 en front de mer.
Cette grève de la faim précipitée et instrumentalisée ne donnera pas lieu à d’autres formes de réponses que ce courrier de la Commune qui sera formalisé cette semaine car nous ne cautionnerons jamais ce mode de dialogue qui n’en est pas un.