Le coeur de palmiste, une saveur créole que l’on adore. Mais une filière clandestine de braconnage existe à La Réunion. Si rien ne change, cet arbre emblématique de l’île va disparaître. Dans une forêt humide du Sud Sauvage, nous avons suivi les traces de ces braconniers sur un "sentier marron".
Pour découvrir un vestige de palmiste rouge, avec ses grandes épines caractéristiques, il nous aura suffit de seulement une demi heure de marche. Dans cette forêt humide du Sud Sauvage, nous sommes dans un sentier marron, en dehors des cartes officielles. À l’image d’une bouteille d’eau, les braconniers laissent des traces de leur passage. Mais dans la forêt, les indices sont parfois plus discrets, comme l’explique Cyril Ducret, garde moniteur au Parc national de La Réunion.
"Des branches cassées peuvent indiquer le passage de braconniers sur le sentier."
Un peu partout, les souches de palmiste rouge sont visibles. Plusieurs fois par semaine, les braconniers viennent en binôme dans ce secteur. En les découpant sur place, ils peuvent emporter une quarantaine de pièces chacun.
Coupés trop jeunes, les palmistes n’ont pas le temps de fleurir, ni de semer leurs graines.
"Vu la taille de ce palmiste, il doit au moins avoir au moins 10 ans, et coupé en quelques secondes", poursuit Eugène Payet, technicien forestier territorial à l’ONF.
Nous sommes à environ 1 000 mètres d’altitude et certains palmistes semblent avoir échappé aux dégradations des braconniers. Un bilan est difficile à établir, mais, le temps d’une matinée, nous avons dénombré pas moins d’une centaine de palmistes saccagés.
"C’est difficilement quantifiable, mais l’impact est double. Car le palmiste est un espèce endémique, il commence à être rare et menacé dans son environnement naturel. Le deuxième impact est sociologique, avec une érosion marquée, surtout ici avec des pentes abruptes et un climat très pluvieux", complète Eugène Payet.
Loin de la forêt, il existe pourtant des cultures encadrées de palmiste rouge. Pour les différencier, les choux de palmiste homologués sont tamponnés. Mais une méthode qui ne fait pas encore reculer les braconniers.