Plusieurs paillotes de l’Hermitage ont été détruites suite à la décision du tribunal administratif, mettant un terme à l’activité des structures, mais aussi de leur personnel. Un an après, ont-ils depuis retrouvé un emploi ?
Des Filaos par dizaines, des Veloutiers et des résiniers de bord de mer en lieu et place des trois paillotes démontées depuis bientôt un an. Sur la plage de l’Hermitage, le cœur balance entre nostalgie des terrasses et le plaisir de profiter d’un site retourné à son état originel.
"Comme ça c’est très bien, pas d’infrastructure, ça gâchait un peu le paysage."
"C’est vrai que c’était sympa de boire un coup, manger quelque chose le soir quand il n’y avait plus rien, profiter de la plage."
"Il y a 50/50. C’est vrai que boire un verre ça fait plaisir. Le problème c’est que lorsque la plage est libérée des paillotes, c’est beaucoup mieux, on prend le temps d’apprécier avec la famille."
Karl Bellon, ancien membre du Collectif de défense du Domaine Public Maritime (DPM), avait lutté de toutes ses forces pour faire disparaître les fameuses paillotes du paysage. Il se dit évidemment aujourd’hui satisfait. "Le lagon avait besoin de respirer, et il y avait besoin pour la mer de faire ce que l’on appelle l’effet de lest. C’est-à-dire ramener du sable en haut et ça permettra peut-être de reconstituer la plage petit à petit."
Olivier Gacon, ancien porte-parole des salariés des restaurants de l’Hermitage, revient pour la première fois sur cette plage où il dirigeait l’un des restaurants. La perte des emplois, qu’il considère comme un énorme gâchis, lui reste en travers de la gorge. "On a essayé de faire croire que les Réunionnais étaient contre ces restaurants. Depuis un an, quand je pars faire les courses, des gens m’interpellent pour me demander de rouvrir, ça manque."
Un an après, certains salariés ont du mal à remonter la pente et retrouver un emploi. "Nous sommes quand même encore énervés, pour l’instant je suis toujours demandeuse d’emploi, ce n’est pas évident par rapport à la situation financière, je galère."
5 salariés, à côté d’un ancien propriétaire ont pour projet d’ouvrir un restaurant de plage début 2020, cette fois-ci sur un terrain privé.
L’image des bulldozers qui entrent en action à l’Hermitage en décembre 2018 restera à jamais gravée dans les mémoires. L’épilogue d’une affaire qui a divisé La Réunion pendant de très long mois. Entre défenseurs d’une plage vierge de toute construction ne respectant pas le domaine public maritime (DPM) aux partisans de se restaurer les pieds dans l’eau en profitant du cadre idyllique.
Pour les salariés des paillotes, c’est le début de la descente aux enfers.
C’est la décision du tribunal administratif qui scelle le sort des paillotes de plage : les jours des "Coco Beach", "Marmite », "Bobine", "Mivéal", "Locaplage" et "K’Banon" sont comptés.
Le 2 novembre, c’est par voie numérique que le tribunal administratif (TA) notifie ses premières décisions.
Trois jours plus tard, le tribunal administratif rend sa décision concernant les 4 restaurants de plage restant. 3 doivent libérer l’espace tandis que la Bobine doit détruire sa terrasse.
Le tribunal a estimé que ces restaurants se situaient sur le domaine public maritime. D’où la décision de libérer les lieux et les remettre en état.