Ce vendredi, l’Observatoire des prix, des marges et des revenus s’est réunit en séance plénière en préfecture. Une étude sur la grande distribution et la création de structures coopératives de commerçants indépendants à La Réunion, réalisée par Bolonyocte Consulting, a été présentée.
Le marché global est estimé à 3,8 milliards d’euros en 2017 dont 1,9 milliard d’euros pour la consommation des produits alimentaires (alcool compris).
"Le marché de la consommation généraliste en 2017 à La Réunion est donc de taille significative et du niveau de celle d’un département moyen en métropole. Avec une telle taille en valeur, ce marché même insulaire ne peut être qualifié de « petit marché »", souligne l’étude.
L’alimentaire arrive en première position de la consommation à La Réunion, suivi par les loisirs, l’ameublement/équipement/entretien de la maison, l’habillement/chaussure et enfin l’alcool.
Christophe Girardier, président du cabinet Bolonyotce consulting à l’origine de l’étude
Les consommateurs dépensent 434 euros par mois pour l’alimentaire, 53 euros pour l’alcool, 125 euros pour s’habiller et se chausser, 153 euros pour s’équiper et 182 euros pour les loisirs et la culture.
4 intermédiaires se trouvent entre les consommateurs et les producteurs / exportateurs (centrales d’achat, importateurs ou agents de marques, grossistes et distributeurs (grandes surfaces, commerces de proximité généralistes et spécialisés/ bar, restaurants, stations services).
Hypermarchés et supermarchés : 105 magasins dont 17 hypermarchés
Commerces de proximité généralistes (boutiques) : 921 dont 63 supérettes
Commerces de proximité alimentaires spécialisés (boulangeries, primeurs, stations…) : 1319
Jumbo, Score, Casino, Leclerc, Carrefour, Auchan, Leader Price, Système U.
8 enseignes sont contrôlées par 5 groupes distincts : Vindémia (Casino, Score, Jumbo), Excellence (Leclerc), Groupe Hayot (Carrefour), Groupe Caillé (Leader price), Système U et Auchan.
Si l’étude indique que le modèle économique des acteurs de la grande distribution généraliste à La Réunion, dans ses fondamentaux économiques, "ne se distingue pas de celui des mêmes acteurs en métropole", il existe des particularités dans l’île qui impacte négativement sur le prix de "vente aux consommateurs, sur le développement de la production locale, sur l’équilibre de la relation avec les producteurs comme sur le commerce de proximité et plus généralement sur le développement de l’ensemble du secteur de la distribution alimentaire de détail."
- Des marges arrière excessives (concédées au titre de la coopération commerciale), avec des effets pervers sur l’augmentation artificielle du niveau des prix de vente aux consommateurs, de l’ordre de 25 % à 40 %. Cela conduit à une augmentation artificielle du prix de vente aux consommateurs.
- Des opérations promotionnelles à un rythme effréné occultant les marges excessives sur le panier courant des achats et fragilisant les producteurs et les importateurs locaux à marques fortes.
En conclusion, l’étude explique que "le modèle est en passe d’atteindre d’ici quelques années (moins de 10 ans à ce rythme) d’atteindre le niveau de maturité (et donc les limites) que celui-ci a atteint en métropole."
Et de préciser que "ce modèle a précisément constitué l’un des facteurs majeurs de la disparition quasi totale des commerçants de proximité indépendants en métropole. La tendance actuelle du retour à la proximité, étant en réalité contrôlée par les acteurs des grandes surfaces multipliant les implantations dans les zones urbaines, mais toujours avec le même modèle."
En clair, la situation actuelle et à venir à La Réunion menacerait "de disparition ou de réduction drastique, à court ou moyen termes, le tissu du commerce de proximité."
L’étude préconise plusieurs recommandations :
- Faire baisser les prix de fond de rayon
- Mettre un terme aux marges arrière excessives pour les réintégrer dans la facture
d’achat et favoriser une approche triple net dans les négociations
- Favoriser la transparence dans la formation des prix et des marges
- Encadrer les promotions pour mettre un terme à la logique mortifère actuelle et favoriser la promotion de la production locale
- Favoriser le pluralisme concurrentiel et la diversité de l’offre