Sophie Payet âgée de 54 ans et assistante familiale n’a pas pu adopter Jade 4 ans qu’elle a élevée depuis qu’elle était nourrisson. Une décision du conseil de famille des pupilles de l’État, mais qui a été annulée récemment par la justice grâce au combat de Sophie Payet, sa famille et de son avocat Me Margerin.
Sophie Payet assistante familiale a accueilli Jade alors âgée d’un mois en mai 2018 après avoir été contactée par le GUT (Groupement d’unité territoriale) de Saint-Louis. Au vu du contexte familial extrêmement difficile et compliqué pour la petite Jade, elle deviendra une "Pupille de l’État"* et qu’elle sera placée en vue d’une adoption :
"Elle m’a alors demandé de réfléchir pendant un mois si je souhaitais devenir sa famille d’adoption. Naturellement et très rapidement un lien important s’est créé entre Jade, ma famille et moi. Et nous avons pris ensemble la décision de devenir sa future famille d’adoption."
Pendant plus de 4 ans, la petite Jade grandit avec Sophie Payet qu’elle considère, elle même, comme sa mère : "Elle grandit avec moi depuis 4 ans, ses premiers mots, ses premiers pas, ses premiers fous rires, ses premières dents, sa première rentrée… enfin tout ce qu’on peut vivre avec son enfant.
Je n’imagine pas ma vie sans elle, elle fait partie de ma famille."
*Un "pupille de l’État" est un enfant mineur qui a perdu tout lien avec ses parents ou avec sa famille. Il est confié aux services du département et accueilli principalement en pouponnière (enfant en bas âge) ou en famille d’accueil. Un pupille de l’État peut également faire l’objet d’une adoption selon le service public.
En décembre 2021, l’assistante maternelle a appris qu’elle ne pourra finalement pas adopter Jade suite à une décision du conseil de famille des pupilles de l’État de La Réunion. Pour Sophie Payet, cette décision a été un véritable déchirement :
"C’était une nuit atroce. J’ai passé la première nuit à pleurer toutes les larmes de mon corps. J’étais anéantie. Je me sentais perdue, incomprise. Je ne comprenais pas cette décision. En transmettant ma demande formelle d’adoption, je n’avais pas une seule seconde imaginé la possibilité d’un refus. Je me répétais sans cesse “Pourquoi m’avoir proposé de prendre cette décision ? Pourquoi avoir œuvré pendant 3 ans à construire cette relation mère-fille, ce cercle familial entier autour de Jade pour aujourd’hui nous l’arracher ?”
Pour Me Margerin : "Le Conseil de famille a décidé arbitrairement de refuser l’adoption à ma cliente, sans aucun motif et en se gardant bien de faire apparaître ce refus sur un document officiel, avant que Madame Payet ne sollicite la communication du procès-verbal de cette décision...qui ne lui a jamais été donné."
C’est à l’occasion de ce rendez-vous avec la cellule d’adoption que lui a notamment été expliqué à Sophie Payet, qu’elle ne rentrait pas dans les "critères" du Conseil de famille des pupilles de l’Etat de La Réunion pour adopter :
"Critères qui n’étaient autres que son âge ainsi que sa situation familiale et qui ne pouvaient donc nullement figurer sur une décision officielle rendue sous l’autorité du tuteur des pupilles de l’Etat, à savoir le Préfet, représentant de l’Etat."
Mais Sophie Payet soutenue par sa famille décide, à l’aide de son avocat Me Margerin, de déposer une requête en décembre dernier devant la cour d’appel. Elle considère que celle-ci était recevable et a annulé le refus de l’adoption de Jade.
Suite à cette décision, le conseil de famille des pupilles de l’État, composé de huit membres, devra de nouveau se prononcer sur une nouvelle demande d’adoption déposée par Sophie Payet pour Jade.
Aujourd’hui Sophie Payet est soulagée par cette décision et espère pouvoir enfin adopter Jade :
"Je suis soulagée de la décision prise par la cour d’appel, qui a pris le temps de m’écouter et d’examiner mon dossier. Le chemin sera peut être encore long, mais je remercie infiniment Maître Margerin qui a su nous accompagner et grâce à qui aujourd’hui, nous osons espérer une fin heureuse à toute cette histoire."
Pour Me Margerin : "Il reste donc encore beaucoup à faire en matière de protection des pupilles de l’Etat et de la protection de l’intérêt supérieur de l’enfant en la matière", conclut-il.
Matthieu Patou-Parvédy