Invité par le CESER, le Conseil Économique Social Environnemental Régional, Olivier Babeau, professeur agrégé en économie à l’Université de Bordeaux, et président de l’Institut Sapiens doit établir les enjeux économiques du rachat de Vindémia par le groupe Bernard Hayot.
Il était interviewé par le journaliste Julien Andy au JT de 19h00 d’Antenne Réunion.
Pourquoi le dossier Vindémia inquiète autant les pouvoirs publics ?
Derrière des changements actionnariaux, il n’y a pas que des mouvements financiers, il y a des conséquences possibles que l’on pourrait éventuellement craindre, sur l’évolution des prix, sur la capacité d’innovation. Et plus généralement sur le tissu économique et d’emploi de l’île.
Est ce qu’un monopole est forcément négatif pour les consommateurs ?
La théorie économique dit que évidemment le meilleur système, celui qui va favoriser l’innovation, celui qui va favoriser les prix les plus bas pour les consommateurs c’est la concurrence.
Dans certains cas le monopole est obligatoire, même naturelle. C’est le cas par exemple des réseaux d’électricité, on ne peut pas chacun avoir son réseau mais dans beaucoup de cas il est malheuresement un vrai problème pour l’innovation même si il peut y avoir des exceptions. Il faut en tout cas essayer de faire une évaluation de ces conséquences possibles.
Nous sommes dans un territoire qui dépend des importations, forcément en terme de volume un gros groupe a les reins plus solides qu’une petite entreprise pour faire venir des produits, avec des coûts compétitifs ?
La situation insulaire pose une question de l’adaptation des régles qui peuvent être un peu différentes sur le continent. Il y a effectivement une barrière à l’entrée qui est naturellement plus forte dans les conditions insulaires qui peut expliquer qu’il y ait très peu voire un seul acteur sur un marché.
Sur un territoire comme La Réunion, quel serait le modèle idéal ?
C’est difficile à déterminer. Dans la grande distribution évidemment il faut regarder le modèle et surtout essayer vraiment de comprendre de façon dépassionné les conséquences qu’il peut y avoir non seulement sur le niveau des prix mais aussi sur les emplois parce que c’est souvent un arbitrage entre les emplois, la production locale, le tissu d’approvisionnement local quand on pense à l’agriculture et la façon dont tout cela se coordonne. Cela demande en tout cas une réflexion encore une fois dépassionnée entre tous les acteurs et c’est vraiment le but de ce que l’on fait avec le CESER.
Quels sont aujourd’hui les outils dont disposent les pouvoirs publics pour prendre les bonnes décisions quant à l’aménagement du territoire en surface commercial ?
Il y a des outils pour mesurer les concentrations qui sont très objectifs et qui sont utilisés. On peut faire des calculs qui peuvent montrer à partir de quel moment les autorités de la concurrence une concentration pourrait poser un problème à un marché.
Quel est votre agenda des prochains jours ? Par où aller vous commencer ?
Il faut glaner un maximum d’informations. Il y a aussi un travail de prise de conscience, il ne faut pas attendre uniquement une décision qui va tomber d’en haut ou de loin. C’est une opportunité pour La Réunion d’essayer d’imaginer qu’elle doit être capable d’avoir une vision et une compréhension dynamique de l’évolution de son tissu économique. C’est une super opportunité en réalité d’arriver à essayer d’y voir plus clair, créer de la transparence et créer du dialogue.