Le 2O octobre 1976, Valéry Giscard D’Estaing arrive à La Réunion à bord du Concorde pour une visite présidentielle. Le lendemain, Paul Badre, qui est alors maire du Tampon, reçoit le président de La République sur sa commune. Valéry Giscard D’Estaing s’adresse aux habitants du Tampon au cours d’une allocution.
"Monsieur le maire, monsieur le député, monsieur le président du conseil général, messieurs les ministres qui m’accompagnent, Tamponnaises et Tamponnais, je suis le premier président à venir rendre visite à votre commune et je suis heureux que ce soit pour moi l’occasion de recevoir cet accueil et en même temps l’occasion de vous exprimer tout l’intérêt que le gouvernement et moi-même portons à vos problèmes".
"Vous avez dit tout à l’heure, monsieur le maire, que la commune du Tampon était une jeune commune. En effet,c’est une jeune commune, je le constate puisqu’elle a été créée en 1925, elle n’a donc qu’un an de plus que moi. C’est également une jeune commune parce que sa population est particulièrement jeune et que je la vois largement rassemblée et réunie sur cette place.
Je sais enfin que c’est une commune - vous y avez fait allusion tout à l’heure - qui, dans l’expression démocratique de la société française, donne, chaque fois qu’elle en a l’occasion, son large soutien aux causes que nous défendons.
Et j’observais tout à l’heure en me posant sur son sol que c’est sur le territoire de la commune du Tampon que c’est implantée voici quelques années, sous l’impulsion de M. Michel Debré, l’Ecole Militaire Préparatoire de La Réunion dont les élèves connaissent 95 % de réussite aux examens ce qui, à mon avis, sera bientôt suivi par l’ensemble des jeunes tamponnaises et Tamponnais. Lorsqu’en arrivant en hélicoptère, on regarde le site de votre commune, on aperçoit d’un côté le volcan heureusement débonnaire mais qui déverse de temps en temps son surcroît d’énergie vers la mer, lorsqu’on aperçoit la Rivière des Remparts, le Bras de la Plaine, témoin de l’action bénéfique et de l’effort de l’Homme
sur la nature, je suis sur que vous disposez pour l’avenir d’atouts importants. J’observe d’abord que la situation géographique du Tampon lui a permis de varier sa production, ce qui constitue une chance pour ses agriculteurs".
"Depuis quelque temps déjà, vous vous êtes préoccupés de développer l’élevage et la production laitière. L’équipe municipale tout entière du Tampon soutient avec dynamisme l’action de vos SICA. Je vous félicite de cette orientation vers l’élevage parce qu’elle traduit une orientation de base qui est de faire qu’au cours des prochaines années, La Réunion soit capable de produire sur son sol l’ensemble de la nourriture de ses habitants.
Car il faut en effet que La Réunion accroisse encore sa production au cours des années à venir de façon à éviter autant que possible le recours à des achats en dehors de l’île chaque fois que vous pouvez assurer la production vous-même.
Le Gouvernement s’est efforcé de son côté de vous aider et notamment pour cette production de qualité et de réputation mondiale qu’est le Géranium.
Vous avez fait part, monsieur le maire, de vos inquiétudes à cet égard. Mais vous savez qu’heureusement après la période la plus difficile, l’écoulement des stocks a repris, que le FORMA vous accorde son aide et que le prix du Géranium a été l’objet d’un effort de hausse importante. Je m’en réjouis pour vous et avec vous car le métier d’agriculteur est de nos jours un métier difficile et nécessaire qui mérite l’appui des pouvoirs publics. Commune dynamique, le Tampon l’est particulièrement par l’importance de sa jeunesse puisque la population y a plus que le double en trente ans".
Et lorsqu’on parle du problème de l’emploi et du problème de l’avenir des jeunes, il faut savoir que ces problèmes seraient faciles à résoudre s’il n’y avait pas eu ce considérable et ce salutaire accroissement démographique de la jeunesse Réunionnaise.
Mais bien entendu les pouvoirs publics, et j’y reviendrai tout à l’heure, feront le nécessaire pour assurer à la jeunesse un travail efficace, rémunérateur, assurant son indépendance et sa dignité. Naturellement, cette augmentation de la population a entraîné pour l’Etat et pour les élus un certain nombre d’efforts, un certain nombre de choix. Mais je tiens à souligner que vous disposez maintenant d’un grand lycée, le lycée Roland Garros qui connaitra, je l’espère, à son tour 95 % de résultats favorables dans les examens et que l’équipement sportif et socio-éducatif a suivi l’évolution scolaire, mais je vous indique, monsieur le maire, en présence du secrétaire d’État à La Jeunesse et aux sports, qu’il y aura pour le Tamponde nouveaux équipements dans l’année 1977.
Et c’est à tous ces jeunes, Tamponnaises et Tamponnais, dont naturellement, je comprends bien les préoccupations pour l’avenir, mais qui disposent déjà à l’heure actuelle de moyens de formation dont ne disposaient pas leurs ainés et je me tourne vers eux pour dire : "Accroissez votre connaissance, développez votre formation et votre culture. Une jeunesse bien instruite, bien formée, bien préparée constitue la meilleure chance d’avenir pour La Réunion.
Et à cette jeunesse et à vous, mesdames et messieurs les élus, je voudrais vous dire que ce voyage est pour moi l’occasion de vous exprimer le sentiment fraternel et le sentiment d’étroite solidarité de la métropole.
Vous n’êtes pas perdus et abandonnés sur votre lointaine île volcanique.
Par la voix de son président de la République, la métropole vous dit qu’elle contribuera dans l’avenir à faire en sorte qu’après l’effort de formation, qu’après l’effort de progrès social, il y aura en réunion le progrés économique nécessaire à l’emploi de ces jeunes et nécessaire à la prospérité de ses habitants.
Et, tout à l’heure, avant de quitter La Réunion, j’exposerai le programme en quinze points de développement économique que le Gouvernement a arrêté pour La Réunion.
"Je voudrais enfin, Monsieur le maire et vous tous, vous remercier de votre accueil et vous dire que de même que vous ressentiez tout à l’heure, me disiez-vous, l’honneur d’accueillir pour la premier fois dans votre histoire le président de La République Française, je ressens de mon côté l’honneur, la chaleur et l’amitié d’accueil du Tampon et je ne l’oublierais pas.
Et je souhaite que, grâce à notre effort commun, car il y faut bien entendu l’effort de tout le monde, nous réussirons à bâtir ici comme dans toute La France une société qui soit plus libre, plus juste et plus fraternelle et ou chacun, les plus jeunes et les plus anciens, se sentira heureux et fier de vivre. Vive le Tampon ! Vive La Réunion et vive la France".