Cinq soignants du CHU Sud ont déposé un référé de suspension devant le tribunal administratif ce mercredi. Ils ont été suspendus sans salaire pour ne pas avoir respecté l’obligation vaccinale qui est en vigueur sur le territoire français depuis le 15 septembre. Ils contestent leur suspension "très brutale".
"Ces hospitaliers ne remettent pas en compte l’application de la loi, mais remettent en cause la manière dont le CHU a appliqué cette loi de façon très brutale", indique Isaline Tronc, secrétaire générale adjointe de la Fédération autonome de la fonction publique hospitalière (FAFPHR), qui les représente.
Ces 5 soignants du CHU Sud ont été suspendus sans salaire pour ne pas avoir respecté l’obligation vaccinale en vigueur depuis le 15 septembre. Philippe Rivière, technicien de laboratoire au Centre hospitalier sud, à Saint-Pierre, est l’un d’entre eux. Il a des doutes concernant la vaccination. "J’avais besoin d’avoir un certain nombre d’informations afin de voir si je pouvais mettre ce produit qui est encore sous AMM conditionnel", explique-t-il en entrevue avec LINFO.re.
Philippe Rivière a été suspendu sans salaire depuis le 16 septembre 2021. Il travaille depuis 1986 à Saint-Pierre. "Je suis en phase de départ à la retraite. Théoriquement, au 1er mars 2022. Je trouve ça très injuste", s’insurge-t-il. Il se sent discriminé aujourd’hui par sa hiérarchie pour ne pas avoir décidé de se faire vacciner.
"C’est comme si on a pris un citron, qu’on l’avait pressé et qu’aujourd’hui, on jette. J’avais encore des jours de compte épargne temps et de congés que je voulais prendre. Ça m’a été refusé. Je perds des mois jusqu’à mon départ en retraite pour prétendre à une retraite à 100%", regrette-t-il.
Il attend donc la décision du tribunal administratif. "Je veux que justice soit faite pour tous mes collègues et moi-même pour que ce décret inhumain et injuste soit levé et que nous puissions retrouver notre dignité pour qu’on soit suspendus, mais avec maintien de salaire", précise-t-il.
"Ces hospitaliers ont été traités avec beaucoup de brutalité. Tout, sauf de la bientraitance. En principe, ça ne se fait pas en matière de management. On peut même parler de maltraitance", lance pour sa part Isaline Tronc de la FAFPHR. "La loi prévoit qu’il doit y avoir un échange et un dialogue entre l’agent et l’employeur public avant la suspension. Dans tous les cas, pour tous les agents hospitaliers du CHU de La Réunion, aucun échange préalable, aucun échange n’a eu lieu. C’est ce qui justifie la démarche qui a été entreprise."
D’autres soignants seront de retour devant le tribunal administratif la semaine prochaine, selon la FAFPHR. D’autres pourraient s’y présenter dans les semaines subséquentes. "On est sollicités par les hospitaliers, mais également par les pompiers", précise Isaline Tronc. Il y a un report d’instruction la semaine prochaine pour que le CHU puisse produire des documents qui ne sont pas dans les dossiers.