Procureur de la République au tribunal de Saint-Pierre, Caroline Calbo évoque l’actualité judiciaire dans le sud de l’île notamment.
Le point en direct sur la famille qui a quitté l’hôtel dionysien où ils étaient confinés avec Caroline Calbo, procureur de la République de Saint-Pierre.
"Plusieurs infractions ont été créées dernièrement suite à la mise en place du confinement pour s’assurer de son respect. D’abord, quand on est pris une première fois sans attestation dehors et sans raison d’être à l’extérieur, on peut prendre un PV à 135 euros, qui est une contravention de 4e classe. Si dans un délai de 15 jours on est à nouveau contrôlé sans attestation, on peut prendre une contravention de 5e classe de 200 euros. Et après plus de 3 interpellations dans le mois, ça passe sur un délit, ce qui signifie 6 mois de prison encouru et 3 750 euros d’amende. Et surtout un placement en garde à vue."
Les membres de la famille qui avait quitté l’hôtel où ils étaient confinés ont finalement accepté leur retour en quatorzaine.
"Ils se sont surtout rendu compte et se sont senti responsable et leur sens civique est revenu, et au bout d’un moment ils ont fini par se dire que la quatorzaine, dans les conditions fixées par la Préfecture était la plus envisageable."
Selon nos confrères d’Imaz Press, une épicerie du Port a été fermée administrativement pendant une semaine pour non respect des mesures de confinement. Les forces de l’ordre ont indiqué que le propriétaire continuait à vendre de l’alcool tard le soir et il laissait les clients consommer sur place, ce sont des sanctions prévues par la loi.
"Il y a aussi des sanctions là-dessus, c’est mon collègue de Saint-Denis qui va gérer cette affaire sûrement."
"Le confinement est globalement respecté, comme disait le commandant de Gendarmerie, le général Poty. Les policiers et gendarmes sont toujours mobilisés avec environ 6 000 à 7 000 voitures et piétons contrôlés tous les jours et entre 200 à 350 PV dressés quotidiennement. Mais globalement, c’est un confinement plutôt bien respecté."
La semaine dernière, les instances judiciaires enregistraient une baisse significative des plaintes pour violences conjugales ou intrafamiliales, ce qui inquiète la procureure.
"On constate une baisse de la délinquance liée au confinement. Ce qui nous inquiétait davantage, c’est la diminution des plaintes liées aux violences intra-familiales et une diminution des interventions à la demande des victimes. Je ne voudrais pas qu’il y ait encore des victimes avec des bleus sur tout le corps coincées avec leur bourreau dans un domicile familial. On a une légère reprise de la délinquance et quelques gardes à vue pour des faits de violence intra-familiale. Le confinement exacerbe souvent les difficultés au sein d’un couple, même au sein de la famille, des enfants face à la famille. Il est difficile de rester dans un appartement qui peut être petit."
Les avocats du barreau de Saint-Pierre ont arrêté leur permanence pénale à cause d’un manque de sécurité sanitaire.
"Depuis que nous sommes passés en plan de continuation d’activité le 16 mars on a mis en place toutes les mesures barrières qui sont strictement respectées au tribunal. On a aussi reçu du gel hydroalcoolique. Il y a peu d’audiences, la salle d’audience est immense et nous sommes au maximum 6 ou 7. On a mis en plusieurs choses en place avec les avocats pour qu’ils puissent voir leurs clients en détention avec des visio-conférence ou s’entretenir par téléphone avec eux. Il y a environ 1/3 de la juridiction qui est là en présentiel et pour permettre aux avocats de venir assurer la continuité de la justice."