Nelson Mandela, décédé à l’âge de 95 ans, marque de son empreinte le 20e siècle, voire l’Histoire de l’humanité toute entière. Retour sur le parcours hors pair de ce héros de la lutte contre l’apartheid.
Né le 18 juillet 1918 à Thembu, un petit village du Transkei, Nelson Rolihlahla Mandela fut le premier président noir de l’Afrique du Sud de 1994 à 1999. Mais avant d’en arriver là, il a suivi un parcours hors-norme. Fils de Hendry Mphakanyiswa Gadla, chef de tribu Xhosa de Tembu, il fréquente l’école pour la première fois à l’âge de sept ans. Il peut d’ailleurs se targuer d’être le premier membre de sa famille à suivre la scolarité. A l’époque, ses principales aspirations étaient bien loin de la politique à laquelle il s’attachera quelques années plus tard. A son plus jeune âge, il nourrit un idéal de vie très simple, celui de devenir « fonctionnaire », un statut suffisamment confortable à ses yeux pour pouvoir notamment acheter à sa mère la maison dont elle rêvait.
En 1939, il intègre alors la filière interprétariat, fraîchement ouverte àl’Université Fort Hare, le seul établissement d’éducation supérieure pour les Noirs en Afrique du Sud. C’est là qu’il étudiera aussi un an plus tard l’administration pour indigènes ainsi que le droit, des choix qui seront toujours liés à son envie de décrocher un meilleur poste au sein du service public de son pays.
Après ses études supérieures, il décide d’intégrer le parti l’African National Congress (ANC) en 1942, sous l’impulsion de Walter Sisulu, un militant activiste et un combattant anti-apartheid en Afrique du Sud.
Diplômé de Droits, Mandela ou Madiba pour ses proches, a ouvert le premier cabinet d’avocats noirs dans ce pays dominé à l’époque par le régime raciste de l’apartheid. Farouche opposant de la ségrégation raciale à l’encontre des noirs, il lance des campagnes dites non-violentes, qui s’inspirent directement d’un mouvement fondé par une autre légende de la non-violence, l’Indien Gandhi.
Issu d’une famille bantoue cultivée et influente et descendant du clan royal des Thembus, de la tribu des Xhosas - peuple originaire de l’actuelle province du Cap oriental (sud) - Nelson Mandela devient très vite l’un des principaux leaders de l’ANC et il poursuit son activisme anti- discriminatoire jusqu’au massacre de Sharpeville, en 1960.
Suite à ce drame, l’ANC a été banni par le gouvernement, mais Mandela continue la lutte dans la clandestinité et suit un entraînement militaire. Mais en 1962, il est arrêté puis condamné à la prison à vie en 1964. Le prisonnier politique a passé 27 années de sa vie derrière les barreaux. A sa libération en 1990, il devient président de l’ANC puis trouve un consensus avec le régime en place, dirigé par De Klerk.
Celui-ci a reçu en 1991 le Prix Félix Houphouët-Boigny de l’UNESCO pour la paix, pour avoir accepté de libérer celui qui devient plus tard son successeur. Les deux hommes reçoivent conjointement le Prix Nobel de la paix, en 1993, après avoir mis en place ungouvernement multiracial et organisé les premières élections présidentielles ayant porté Mandela au sommet du pouvoir. Durant son mandat, le tout premier chef de l’Etat noir du pays mène difficilement une politique de réconciliation nationale avant de passer le flambeau à Thabo Mbeki, en 1999.
Nelson Mandela a été nommé Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO le 12 juillet 2005 grâce à la Fondation Nelson Mandela, créée à Johannesburg (Afrique du Sud). Ce titre lui a été décerné « en reconnaissance du combat extraordinaire qu’il a mené contre l’apartheid et la discrimination raciale, dans son pays et dans le monde entier, de son attachement à la réconciliation entre les différentes communautés, de son engagement sans relâche en faveur de la démocratie, de l’égalité et de l’éducation, de son soutien à tous les opprimés de la Terre et de sa contribution exemplaire à la paix et à la compréhension ». A ce jour, il consacre sa vie dans la lutte contre le Sida, un fléau qui fait des ravages dans son pays.
Hospitalisé à quatre reprises pour infections pulmonaires aigües depuis décembre 2012, Nelson Mandela devait fêter ses 95 ans sur son lit d’hôpital. Ses ennuis de santé récurrents seraient probablement liés à son long séjour sur l’île-prison de Robben Island, au large du Cap, où il a purgé 18 de ses 27 années de détention.
A la tête d’une famille unie, Nelson Mandela était marié en 1957 avec sa deuxième femme Winnie Madikisela. Celle qui fut surnommée la mère de la Nation s’est fait connaître dans le sillage de la lutte anti-apartheid, durant les années d’emprisonnement de son époux.Elle a été, elle aussi, emprisonnée pendant 18 mois en 1969 et assignée à résidence en 1977. Après 38 ans de mariage, le couple divorce en mars 1996. Nelson Mandela se remarie en troisièmes noces en 1998 avec Graça Machel, alors âgée de 67 ans. C’était en 1947, qu’il a épousé sa première femme Évelyne Mase, avec qui il a eu trois enfants, dont une fille et deux garçons.
L’ancien archevêque anglican du Cap, Desmond Tutu, a adressé des prières dédiées à l’ex-président lors de son hospitalisation : « Alors que le père bien-aimé de notre nation Nelson Mandela subit une fois encore les ravages du temps à l’hôpital, nos prières sont pour son confort et sa dignité. Nous offrons nos remerciements à Dieu pour le don extraordinaire de M. Mandela, et souhaitons de la force à la famille. »
Selon ses proches, Nelson Mandela souhaiterait être inhumé dans son village d’enfance ‘Qunu’ dans le sud de l’Afrique du Sud.