Marine Zopire est d’origine réunionnaise et a grandi dans les hauts du Maïdo. Il y a 10 ans, la jeune femme s’est envolée vers la métropole pour ses études supérieures. Puis, sa vie a pris un autre tournant... Cela fait maintenant deux ans qu’elle parcourt le monde à vélo, accompagnée de son compagnon, John. Marine vous partage son quotidien hors du commun dans la rubrique #MOUNDOUVOU.
Marine a fait une majeure partie de sa scolarité à La Réunion, son île natale. Puis avec pour objectif de faire ses études en métropole, la jeune femme a posé ses valises à Toulouse. "J’ai vécu mes plus belles années étudiantes. C’est une ville cosmopolite qui m’a permis de rencontrer des gens du monde entier", précise-t-elle.
La jeune femme s’est lancée dans des études de psychologie : "Mes études de psychologie me plaisaient beaucoup. L’entrée en master 2 étant très sélective, j’ai fait le choix de prendre une année sabbatique après le master 1 pour aller travailler à Paris et me constituer un dossier en béton avec de nouvelles expériences professionnelles dans mon domaine", explique Marine. Une année qui a porté ses fruits. L’année suivante, la Réunionnaise a pu intégrer une classe de 12 personnes à l’Université de Reims en master 2 psychologie sociale et du travail. C’est en 2018 que Marine obtient finalement son diplôme de psychologue sociale.
Puis, son copain a trouvé du travail au Congo Brazzaville. Lorsque Marine lui a rendu visite, le coup de coeur avec le pays a été immédiat. "Après ce voyage, il a fallu me rendre à l’évidence, l’ambiance de ce pays me plaisait beaucoup trop ! Et tant pis si je ne trouve pas de travail dans mon domaine, il fallait absolument que j’aille vivre là-bas", déclare la jeune femme en quête d’aventures.
Fraîchement diplômée, Marine ne désirait qu’une chose : s’expatrier et vivre de nouvelles expériences au Congo. "J’ai trouvé un poste de directrice adjointe dans une école Montessori dans la ville de Pointe Noire au Congo", indique-t-elle.
Ainsi, Marine a pu vivre une vie différente. Elle a pris du plaisir à faire de nouvelles rencontres, à passer des week-ends en brousse ou encore à découvrir une nouvelle culture culinaire. "Ce fut une formidable expérience où j’ai dû m’intégrer dans une société culturellement différente. Et j’ai adoré. C’est quelque chose que je voulais continuer à vivre", poursuit Marine. Finalement c’est de ce voyage qu’est né le projet de faire un tour du monde à vélo avec John, l’homme qui partage sa vie.
Une fois que Marine et son compagnon sont revenus en France métropolitaine, le temps était à la préparation de ce rêve commun : "Bilan de santé et vaccinal, choix de l’assurance de voyage, achat du matériel, entraînement physique", précise la jeune femme. Puis c’est en juin 2020 que l’expérience a commencé : "J’ai enfourché mon vélo et j’ai commencé une vie de nomade. Depuis, je vis une expérience physique, humaine et mentale incroyable, qui demande de l’adaptation et de se tenir informé de l’actualité géopolitique, politique et sanitaire de chaque pays que nous traversons".
Le choix de partir à vélo n’est pas anodin : "Pour avoir le moins d’impact écologique, le choix le plus adapté c’était de faire le voyage à vélo et de prendre des bateaux pour traverser les océans. J’ai aussi choisi ce mode de voyage parce qu’il est lent", fait savoir Marine. Ils se sont d’ailleurs fixés un objectif de 50 kilomètres par jour.
Le départ s’est fait depuis Pau, dans le Sud-Ouest de la métropole. Puis, les tourtereaux ont pris les pistes cyclables de la vélodyssée qui longent l’Atlantique jusqu’à la pointe bretonne. Les trois mois suivants, ils ont parcouru la Belgique, le Pays-Bas et l’Allemagne. Ils sont ensuite partis en bus vers la Turquie, où ils sont finalement restés trois mois, ayant une affection particulière pour le pays. "La traversée de l’Asie s’arrêtera malheureusement là car toutes les frontières à l’Est étaient fermées à cause du Covid", indique Marine.
Puis c’est en mars 2021 que Marine et son compagnon rentrent en France pour déposer leurs vélos : "Nous avons trouvé une annonce qui propose de voyager avec une famille qui fait un tour du monde en catamaran".
Après une période de belles retrouvailles avec leurs proches, Marine et John sont repartis pour une nouvelle aventure à bord d’un catamaran avec une famille inconnue, le long de la côte ouest africaine. Ils ont passé 5 mois au Cap-Vert avec la famille avant de quitter le bateau pour s’arrêter au Sénégal. Ainsi, ils font venir leur vélo dans le pays et poursuivent l’aventure comme à l’origine. "On était de nouveau en accord avec notre façon de voyager c’est-à-dire : vivre au plus proche de la population locale, rencontrer les locaux, s’imprégner de la culture du pays", explique Marine.
De nature curieuse et sociable, la Réunionnaise souhaitait découvrir l’Afrique, un continent qui, selon elle, attire moins au regard de la situation instable de certains pays tels que le Nigeria ou encore le Mali. "Pour l’instant nous avons fait le Cap-Vert, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée Conakry. Ce sont des pays qui gagneraient à être davantage connus", indique-t-elle. En visitant tous ces pays, Marine en ressort grandie et retient surtout l’hospitalité et la convivialité des populations qui l’ont accueillie.
Une aventure que Marine et son compagnon ont décidé de partager publiquement avec la création d’une page Instagram et d’une chaîne Youtube qui portent le nom "nartrouv travel". "Pour cela, nous avons suivi des formations de montage vidéo et de prise en main d’un appareil photo. Chaque mois, nous publions une vidéo au format Vlog qui parle de nos rencontres, des informations sur l’histoire du pays traversé et de nos galères à vélo", précise la jeune femme.
À travers son témoignage, Marine souhaite porter un message : "J’ai envie de dire aux Réunionnais.es de ne pas hésiter à croire en ses rêves les plus fous. Pendant longtemps, je ne m’étais pas autorisée certaines choses à cause de peurs qui finalement se sont révélées surmontables. Surtout quand on a un rêve, il faut persister, ça prendra le temps qu’il faudra", conclut Marine.
Actuellement en Guinée, l’objectif de Marine est de continuer à pédaler jusqu’au Congo Brazzaville. "En revenant dans ce pays que j’aime tant, la boucle sera bouclée", lance-t-elle. Une fois arrivée à destination, Marine songe à arrêter le vélo pendant une période pour revenir à une vie "plus sédentaire".
Ouverte aux opportunités qui se présenteront à elle, Marine pourrait travailler au sein d’une ONG en Afrique ou encore en Asie. Cependant, elle précise tout de même vouloir revenir sur son île "dans un futur proche", le manque de sa famille étant intense.