Enfant du soleil, Jonathan Potana, a quitté son Plateau Caillou natal pour Valence en Espagne afin de poursuivre son Master dans le département des Beaux-Arts à l’université polytechnique de Valence. Un périple sur le vieux continent qu’il nous raconte avant d’entamer sa dernière année de Master.
Du mouvement primaire dessiné dans son environnement créole, il adopte la posture du voyageur et va à la rencontre de sa nouvelle humanité dans toutes ses complexités. Tout en se construisant pendant son périple dans l’hémisphère nord, il se prépare à dire le monde dans toute sa pluralité à travers le prisme de son art.
Reprenant Karl Marx, Jonathan Potana nous dit que l’histoire n’est qu’une transformation de la nature humaine. Il est d’avis que, plus que jamais, nos esprits doivent être des porteurs d’aujourd’hui et de demain. Et ainsi, donner un nouveau souffle au monde.
Confrontant le vieux continent avec le monde qui l’habite, il y découvre toutes les complexités des civilisations du nord de la méditerranée. Les nuances des saisons flirtent entre elles. Et, avec la cadence cyclique des éléments et du vivant, il y découvre une condition qui s’infuse et se diffuse dans tout son être et, même, au-delà.
Abordant son voyage avec l’image qu’il se faisait du climat espagnol, de sa culture et ses paysages, il indique ne pas vouloir revenir à lui-même mais devenir et se trouver ; une posture propre à celui qui voyage.
Là-bas, il y découvre un autre rythme de vie loin de la nonchalance des îles. Et, barrière linguistique oblige, il y est moins bavard. "La vie de tous les jours est un parcours qui peut être cueilli quand le ciel n’est pas gris", indique Jonathan Potana.
“Et, je crois que ce qui me manque le plus à certains moments, c’est le soleil. Ayant grandi toute ma vie sur l’île, je ne pensais pas que cela m’atteindrait dans mes mouvements du quotidien. Nous sommes des enfants du soleil. Ma sensibilité m’a toujours conduit depuis petit, à donner un sens à toute chose afin de m’extirper des chemins les plus sombres”, clame-t-il.
En ce qu’il s’agit de l’art, Jonathan Potana explique qu’avec le temps et par l’enseignement de Murielle Goile, il a pris conscience de la substance du langage des arts et de sa relation si particulière, primaire et universelle, à dire le monde.
“J’ai trouvé mes premiers mots en Sculpture et, depuis, je n’ai cessé d’être en recherche dans cette branche des sciences humaines et sociales. La question que je pose est : Qu’est-ce que l’homme ? Où va-t-il ? Mon geste plastique prend la réalité comme matériau, dans sa complexité et sa poétique du divers afin d’y être dans mon acte en ‘interretro-action”, précise-t-il.
Un mouvement primaire dans les lieux, écosystèmes et trajectoires de vie qui ont pris forme dans les paysages de la Réunion et qu’il continue en Espagne toujours aujourd’hui.
“Si j’avais un conseil pour ceux et celles qui veulent se lancer, ce serait que c’est par la pluralité que l’on vise l’unité. C’est en mettant en relation et en décloisonnant les champs de leur corset que l’on peut oser vouloir voir le monde. L’art ne suffit plus”, soutient-il.
Entre-temps, Jonathan Potana explique qu’il essaye de se tenir informé dans ces temps si troublés quand il n’est pas dans la recherche sur la faune et la flore environnante. Cela, au travers de divers moyens tels que des vidéos, conférences, documentaires, articles et livres.
"Le dernier livre que j’ai commandé est un ouvrage de Thomas Hirschhorn que j’ai eu la chance de rencontrer au Bombas Gens Art (Valencia) où j’ai pu participer à un atelier qu’il animait”, confie-t-il.
“A mon retour, je vais essayer de me reposer avant d’entrer dans le rythme de ma dernière année de Master. Comme nou di :« Fé pa la bou avan la pli ». Je pense continuer dans le domaine de la culture, ouvrir mes horizons et partager les fruits de mes recherches au plus grand nombre", conclut-il.