Née à Hell-Bourg, dans le cirque de Salazie, Clara a grandi à Sainte-Clotilde. Ayant vécu dans un contexte familial compliqué, elle décide de réaliser son service militaire hors département. Aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’année, elle a un mari et des anfants âgés de 25 et 27 ans. Clara vous partage son quotidien sur LINFO.re dans la rubrique #MOUNDOUVOU.
Originaire de La Réunion, Clara part faire son service militaire hors de l’île. Par la suite, elle décide de s’engager dans l’armée de terre, solution qu’elle trouve idéale pour prendre ses distances de son cadre familial compliqué, tout en étant dans un espace sécurisant.
Arrivée à Bülh en Allemagne au mois de novembre 1990, Clara explique : "Je me suis heurtée à un climat auquel je ne m’attendais pas du tout : le froid, 80cm de neige et un vent à déraciner des cocotiers, mais également à la barrière de la langue et à cuisine différente (des aliments que je n’avais pas l’habitude de manger). Je me suis rendue compte au bout d’une semaine (assez rude tout de même) que j’avais la faculté de m’adapter à tout cet environnement nouveau", indique-t-elle.
C’est là-bas que Clara rencontre le futur père de ses enfants : "C’est là que j’ai rencontré le père de mes enfants, confie-t-elle, originaire de l’Oise, avec lequel je me suis installée en 1992 dans sa région natale – où on a fondé notre famille – avant de déménager en 2003 en Ariège. Mon premier voyage résulte donc d’un besoin de me préserver. Les deux suivants ont été les conséquences de notre projet de vie familiale", s’exprime-t-elle.
Clara témoigne : "Mon emménagement en Picardie quelques années après a été moins difficile car j’étais déjà habitué à un climat européen. Ce qui m’a heurté, lors de mes sorties avec mon conjoint qui était métropolitain, c’était les remarques et regards déplaisants quant à ma couleur de peau, et ma famille me manquait terriblement. Tout cela m’a demandé une certaine résilience et une ouverture d’esprit", lance-t-elle.
Elle continue : "Sur le plan culturel, j’ai appris à cuisiner des plats picards et métropolitains, d’une part pour faire plaisir à mon conjoint et à sa famille, d’autres part pour enrichir mes connaissances culinaires. L’Ariège m’a permis de découvrir les activités liées à la montagne (randonnées, sport d’hiver…) de nouveaux paysages (les chalets, les reliefs enneigés…) et spécialités culinaires (Bethmale, croustade, rouzole, omelette pascale, l’azinat, mounjetado…). Malgré tout, ce qui me manque le plus à La Réunion, c’est la mentalité Réunionnaise (la place prépondérante de la famille, l’entraide, la convivialité), le kréol et la cuisine locale diversifiée et colorée.", explique-t-elle
Clara indique : "Je suis infirmière auprès de personnes âgées polypathologiques. Je les accueille et les installe dans leur chambre, et leur dispense les soins qui leur permettront, selon les cas de figure, de quitter notre structure en meilleure forme ou de rendre leur fin de vie la plus confortable possible. J’aime travailler auprès de nos aînés car ils ont beaucoup de choses à nous transmettre et je prends plaisir à écouter leurs parcours de vie. Faire partie d’une équipe pluridisciplinaire est également un aspect de ce métier que j’affectionne car on travaille en collaboration, grâce à nos spécialités qui sont complémentaires dans tout parcours de soin", s’exprime-t-elle.
Dès qu’elle en a l’occasion, Clara passe du temps avec ses enfants. Elle fait de la méditation et des activités manuelles comme la peinture par numéros et la broderie diamant. Bientôt de retour sur l’île, elle confie : "Mes projets à court terme, c’est d’emménager dans le Sud de l’île de La Réunion (prévu pour le mois d’octobre), de trouver un poste au sein d’une structure hospitalière et d’avoir ma petite case. D’ici quelques années, je souhaiterais évoluer dans le milieu professionnel, éventuellement devenir Infirmière en Pratique Avancée", fait-elle savoir.
Elle indique : "Les conseils que je donnerai à un réunionnais qui souhaite quitter l’île c’est avant tout de prendre le temps de se renseigner sur sa destination (plutôt facile avec tous les moyens dont on dispose aujourd’hui !), d’être curieux, d’avoir une certaine ouverture d’esprit et de se lancer en croyant en soi".
"Mon message pour les réunionnais : mi arrive, prépare cuisine au feu d’bois, nou sa fête ça !", conclut-elle