Vincent Defaud, membre du Conseil Exécutif de Génération Ecologie, demande un moratoire public concernant le déploiement de la 5G en Outre-Mer. Il s’inquiète des répercussions écologiques.
Plusieurs personnalités demandent un moratoire pubic concernant le déploiement de la 5G en Outre-Mer. A La Réunion, une expériementation est menée depuis le mois de mars dernier. Comme le relève Vincent Defaud, membre du Conseil Exécutif de Génération Ecologie, chargé de l’écologie de la mer et des Outre-mer, la question de la 5G n’a fait l’objet d’aucun débat public, ni aucune étude d’impact environnemental.
Pour Emmanuel Macron, la question ne semble pas en être une. "La France va prendre le tournant de la 5G parce que c’est le tournant de l’innovation", a-t-il déclaré devant les entreprises du numérique réunies dans la salle des fêtes de l’Elysée. "Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine", a poursuivi le président de la République.
Pourtant les répercussions écologiques du déploiement de la 5G inquiètent, notamment en ce qu’il implique un renouvellement des smartphones, ainsi qu’une forte augmentation dun trafic de données.
Pas de débat public
L’ARCEP (autorité de régulation des télécommunications) s’apprête à mettre aux enchères, à la fin du mois de septembre, les dernières bandes de fréquence de la 5G, et par la suite à autoriser le déploiement de cette technologie. Ceci sans qu’aucun débat public n’ait eu lieu, ni qu’aucune étude d’impact environnemental n’ait été effectuée et alors que l’analyse de l’impact sanitaire de la 5G bute sur un manque de données.
La technologie 5G apporte avec elle un renouvellement du parc de smartphones, l’explosion du trafic de données et de la quantité d’objets connectés. C’est la condition nécessaire de sa rentabilité pour les opérateurs. Autrement dit, elle apporte avec elle l’explosion de la consommation de ressources, d’énergie et de la production de déchets. Or, à l’heure où les impacts du numérique sur l’environnement et le climat sont bien documentés, tous les efforts devraient être portés sur la prolongation de la durée de vie des appareils numériques, le réemploi, les économies d’énergie. Le déploiement de la 5G est en tous points contraire aux recommandations de la feuille de route sur l’environnement et le numérique publiée il y a quelques mois par le CNNum (Conseil National du Numérique) à la demande du secrétaire d’état chargé du numérique.
Dès lors que la mise aux enchères des bandes de fréquence aura eu lieu, le déploiement massif de la technologie pourra s’effectuer. Les opérateurs, déjà dans les starting-blocks, subissant pour ce déploiement une double pression :
• financière : les lourds investissements que représente, entre autres, l’achat des bandes de fréquence devront être rentabilisés par la vente massive de forfaits aux consommateurs ;
• réglementaire : l’achat des bandes de fréquence s’accompagnera d’un cahier des charges et d’un calendrier de déploiement établis par l’État.
Les municipalités n’auront de fait rien à opposer au déploiement des antennes 5G.
Les Outre-Mer sont concernés par la 5G puisque l’ARCEP a lancé en décembre, une consultation publique en vue de l’attribution des fréquences utilisées pour la 5G à Mayotte et La Réunion, les premiers en Outre-mer.
La 5G est, d’ailleurs, déployée à titre expérimental dans deux quartiers de Saint-Denis-de-la-Réunion depuis mars 2020.
C’est pourquoi la mobilisation de toutes et tous en Outre-mer est urgente, afin d’obtenir un moratoire du gouvernement sur le déploiement, dans nos territoires, de la 5G avant l’attribution des dernières bandes de fréquence.
Avant de consommer toujours plus d’énergie, de livrer à l’obsolescence anticipée des millions de smartphones, de déployer une technologie nouvelle pour les métropoles quand les insulaires et « isolés » que nous sommes n’ont pas encore partout un accès satisfaisant aux réseaux de communication, d’intensifier encore d’avantage les flux de données, nous voulons un débat démocratique sur la 5G.
Afin d’interpeller le gouvernement, une pétition a été mise en ligne, reprenant une tribune parue le 13 septembre dans le Journal Du Dimanche et signée notamment par de nombreux et nombreuses maires de grandes villes dont Harry Durimel, maire écologiste de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).