La première plainte visant directement l’Afssaps (Association Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) a été déposée au parquet de Paris ce matin par une Réunionnaise. L’estimation du nombre de victimes du Médiator est comprise entre 500 et 2000 personnes. En métropole et à la Réunion, des collectifs de victimes se sont créés pour attaquer les laboratoires Servier, qui ont commercialisé le médicament.
L’affaire du médiator a connu un rebondissement la semaine dernière. Le rapport sur le Médiator rédigé par le professeur Bernard Debré et Philippe Even, a révélé que l’Afssaps (Association Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) était informée de la dangerosité du médicament depuis 1995.
Le médiator, médicament prescrit pendant de nombreuses années dans le traitement du diabète, a été reconnu comme dangereux. Ce médicament controversé a provoqué de nombreux décès et des pathologies cardiaques. Le nombre de patients victimes du Médiator est estimé entre 500 et 2000 personnes en France.
Dans l’affaire de ce scandale sanitaire, les victimes ont décidé de s’organiser en collectifs pour faire reconnaître leur préjudice et obtenir une indemnisation. En métropole, 500 plaintes ont déjà été déposées et sur le seul département de la Réunion, le collectif recense 120 victimes.
Jusqu’à ce lundi, toutes les plaintes visaient uniquement les laboratoires Servier, qui ont commercialisé le Médiator. Mais ce matin, Chantal Ethève, une Possessionnaise victime du Médiator et présidente du collectif Médiator Réunion Océan Indien, a transmis par courrier spécial une plainte pour "tromperie", "homicide et blessure involontaire" et "mise en danger d’autrui" à l’encontre de l’Afssaps (Association Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé).
Commandé par le président de la République Nicolas Sarkozy, le rapport rédigé par Bernard Débré, député UMP de Paris et Philippe Even, directeur de l’Institut Necker sur l’affaire du Médiator a été remis la semaine dernière. Soulignant "une totale faillite de l’Afssaps", le rapport révèle que l’organisme public était informé de la dangerosité du médicament depuis 1995. Ce n’est que 14 ans plus tard, en novembre 2009 que l’Afssaps a pris la décision de retirer du marché le Médiator.
Pour maître Alain Antoine, l’avocat de Chantal Ethève, la responsabilité pénale de l’Afssaps doit être reconnue : "En faisant des recherches, nous avons constaté que l’Afssaps en tant qu’organisme public à qui on a confié une mission de service publique, peut être pénalement condamné en tant que personne morale".
Selon l’avocat, "en faisant preuve d’une négligence coupable, l’Afssaps s’est fait la complice des laboratoires Servier". Et l’avocat a mis un point d’honneur à ce que la Réunion soit à la pointe de la lutte des victimes. "Nous devions formaliser toutes les plaintes réunionnaises le 23 mars prochain, mais nous tenions à ce que la première plainte visant l’Afssaps soit réunionnaise".
C’est désormais chose faite, puisque ce matin Chantal Ethève a transmis par courrier spécial sa plainte au pôle santé du parquet de Paris. La victime du médiator attaque l’Afssaps pour "tromperie", "homicide et blessure involontaire" et "mise en danger d’autrui". Pour Alain Antoine, "L’Afssaps peut être sanctionnée et si il est prouvé que l’organisme public est dépendant économiquement des laboratoires Servier et qu’il a volontairement fermer les yeux, c’est une bombe politique".
Si la responsabilité de l’Afssaps est pénalement reconnue, l’association sera sanctionnée et devra certainement contribuer à l’indemnisation des victimes.