Mathys Phibel est un jeune réunionnais de 21 ans. Le jeune homme a réussi récemment le concours de directeur des greffes. Une réussite qui fait la fierté de sa mère et de ses proches.
Le concours de directeur des services de greffe judiciaires, est un concours de catégorie A ouvert aux titulaires d’un Bac + 3 et destiné à recruter des "cadres à haut potentiel" au sein des services judiciaires et des juridictions. Le directeur chef de service est le supérieur hiérarchique des greffiers, les garants de la procédure et agent d’application au sein de la justice, "c’est une sorte de couteau-suisse".
C’est un concours en deux temps, la phase écrite qui va tester les candidats sur leurs capacités à synthétiser et leurs connaissances brutes dans des matières variées comme la procédure ou la RH ; et la phase orale qui va placer les admissibles dans la peau d’un directeur ou d’une directrice dans les réponses qu’ils vont donner au jury.
Issu d’une licence en droit classique, spécialité droit privé, au campus Sud au Tampon,et après avoir intégré le master I Justice, Procès, procédures au sein de l’Université de Poitiers. Le concours de directeur de greffes est arrivé par hasard dans la vie de Mathys.
Un concours intense après 5 ans de labeur
"Je suis tombé sur le dispositif prépa talent du service public qui permet aux étudiants venant d’horizons divers, de préparer des concours avec un appui et un soutien matériel et financier conséquent. De plus le métier de directeur, je ne l’ai vu que de loin en stage, mais à mon sens, il n’est pas assez vulgarisé. Avec la présentation faite par l’ENG (école nationale des greffes) de la prépa talents, j’ai été tout de suite séduit."
" La préparation au concours fut intense et quand les résultats sont tombés en le 9 avril, je n’arrivais tout simplement pas à y croire. J’étais en Facetime avec ma sœur, c’est elle qui m’a annoncé les résultats, j’avais dit à tous mes amis de regarder et d’actualiser. Après le choc, je me suis dit voilà le résultat de 5 ans de labeur. Je crois même que cette nuit, je n’ai pas dormi."
Pour la suite, Mathys Phibel intégrera l’ENG au 1er juillet 2024 pour une formation de 18 mois alliant la théorie et un stage pratique au sein des juridictions françaises. Sa prestation de serment se déroulera quant à elle courant octobre 2024.
Une fierté réunionnaise
" C’est une fierté en tant que réunionnais, en tant que personne racisée, en tant que personne issue des minorités, en tant que personne ayant été élevée par une mère célibataire qui m’a donné tout ce dont j’avais besoin. "
" Cette réussite, je veux la partager pour participer au rayonnement de la Réunion et j’invite tous les jeunes réunionnais et réunionnaises à oser, faire preuve d’audace, à montrer que la fracture hexagone/Réunion n’est pas une limite. Vous êtes tous et toutes capables de plus, vous avez des capacités inexplorées et il faut juste montrer que l’égalité des chances n’est pas juste une illusion. Même si on le sait que quitter son île est d’une violence extrême. "
" Je souhaite adresser mes chaleureux remerciements à toutes les personnes qui ont contribué à ma réussite et à faire de moi ce que je suis aujourd’hui. Merci à ma grande sœur Swade, Papa, Nadèle, Guillaume, Adelaide, Dorine, Manon, Keren, Grace, Jennifer, Mariele, Kevin, Laetitia, Najet, Eddine, Marie, Rania, Helena, les Metri et tant d’autres."
" J’aimerais conclure mes propos avec la citation de Danyèl WARO : Mwin pa blan Non mwin pas nwar (…) Mwin nasyon bann batar. Il faut qu’on porte fièrement cette identité réunionnaise qui marque notre singularité. Et pour finir : merci maman, je t’aime "