"Enfant de la Creuse", Marlène Oulédy a connu l’exil forcé dès l’âge de 4 ans, comme des milliers de Réunionnais. Partageant son histoire dans un livre, elle est l’invitée du 12h30 d’Antenne Réunion.
Depuis le 9 octobre 2018, Marlène Oulédy est de retour à La Réunion, mais ce n’est pas encore définitif. Elle veut connaître son histoire, son passé et les informations qui lui manquent.
"J’ai appris que mon dossier était perdu"
"Je suis venue ici pour retrouver mon dossier, j’ai appelé le Conseil départemental, malheureusement j’ai appris que mon dossier était perdu, les recherches sont en cours actuellement. Il me manque des informations entre ma naissance et l’âge de 4 ans, la période où j’ai été enlevée de force. Je veux connaître la réalité de ce qui s’est passé, pour quelles raisons on m’a enlevé des bras de ma demi-soeur et surtout de ma mère. Je sais qu’à l’époque c’était beaucoup la misère mais pour moi ce n’est pas une raison d’enlever un enfant à ses parents."
En mai 1971, elle est âgée de 4 ans quand elle est sur le point d’être exilée de force. "Il y avait une voiture blanche, très grande. J’étais habillée tout en blanc, le soleil était très haut dans le ciel, c’est la dernière image de mon île. Il y a aussi cette image où je suis au foyer à la Providence, il y a un lit à barreaux. Dedans, il y a un bébé, je jouais avec lui, J’ai supposé récemment que ce devait être mon frère de sang", explique-t-elle.
"On m’appelait négresse ou bwana"
Accueillie par un couple en Bretagne, Marlène Oulédy confie les souvenirs de ses premières années en Métropole.
"On m’appelait négresse ou bwana à l’école en raison de ma couleur de peau. J’ai parlé à l’âge de 7 ans. A l’époque en Bretagne il y avait beaucoup de racisme. Le fait d’avoir un enfant de couleur, ce n’était pas bienvenu. J’ai été frappée à coups de poings. En rentrant de l’école, j’ai dû faire une bêtise, ma mère m’a fait manger mes excréments. Pour l’amour d’un enfant on ne le fait pas."
Sa vie en Métropole a été un calvaire, entre violences, humiliations, abus... C’était son quotidien.
"Mon père adoptif était mon tortionnaire, des gens ont eu des doutes, mais tout le monde se taisait. Mes parents adoptifs n’ont jamais eu de geste tendre pour moi", confie Marlène Oulédy.
"À 17 ans je me suis enfuie, j’ai erré, vagabondé. C’est pour que mon livre s’appelle Une âme vagabonde, chronique d’une vie déracinée."