Quel avenir pour Air Austral ? La compagnie régionale est elle aussi largement touchée par la crise Covid. Dans ce contexte, l’entreprise vient de conclure 2 accords avec les représentants de salariés, accord de performance collective et de rupture conventionnelle. Marie-Joseph Malé, le PDG d’Air Austral, nous a accordé un entretien.
La compagnie régionale subit comme tous les secteurs de l’économie la crise Covid. "J’éprouve un sentiment de tristesse, nous sommes dans le transport aérien et le seul objectif est de faire voler ces avions car nous aimons notre métier et les avions. Mais aussi pour pouvoir transporter des gens un peu partout partout dans le monde. Pour l’ensemble du personnel d’Air Austral, c’est sans doute un sentiment de tristesse de voir une flotte clouée au sol."
Air Austral compte environ 950 employés. Deux accords ont été conclus dans le cadre de la crise Covid : performance collective et rupture conventionnelle.
"Il n’y aura pas de licenciement, c’était l’objectif de cette approche. Pour le replacer dans le contexte, c’est la préservation de l’emploi et le maintien des accords existants. Nous traversons une phase un peu difficile et avons établi un scénario qui nous projette dans les mois et années à venir. On est en train de vivre une crise totalement inédite avec une véritable incertitude", confie Marie-Joseph Malé.
"Nous avons anticipé pour y faire face en proposant aux organisations professionnelles des accord collectifs : accord de performance collective, accord de rupture conventionnelle collective qui permet de préserver l’emploi et de mettre en place des mesures. Que ce soit des accords sur la rémunération, sur l’organisation du travail et un volet sur la mobilité géographique et fonctionnelle."
"Nous n’avons pas d’obligation de résultat mais une obligation de moyen. Dans le cadre de cet accord de rupture, on va proposer la possibilité au maximum pour 70 personnes dont 30 pour le personnel au sol une enveloppe pour ceux qui souhaitent se reconvertir professionnellement ou suivre une autre voie."
"On a vécu deux mois compliqués avec 5 % d’activité, 20 % en juin, en juillet-août on devrait être à 50 %. On estime un retour à une activité normale courant octobre-novembre. On a bien l’intention de retrouver notre réseau passé, mais c’est pour anticiper et mieux se préparer à des risques qui pourraient se matérialiser", explique le PDG d’Air Austral.
"Les prêts garantis de l’État représentent un montant global de 90 millions d’euros. Compte tenu du scénario arrêté, on devrait sécuriser les plans de financement pour cette année et les années à venir si tout se passe comme nous le prévoyons, même s’il est clair que l’avenir est incertain. C’est pour cela que nous referons un point en fin d’année pour y voir plus clair."
"On a d’une part nos concitoyens qui sont à Mayotte et souhaitent se déplacer à La Réunion. Et de l’autre côté je comprends l’inquiétude légitime des professionnels et de la population qui ne souhaitent pas la propagation du coronavirus. À Air Austral, nous avons abordé le problème objectivement avec un certain nombre de mesures. Le trafic et le nombre de vols sont réglementés. Cette semaine, nous n’avons qu’un seul vol entre Mayotte et La Réunion. Ce n’est pas libéralisé, on n’est pas en train de mettre les vols que l’on souhaite pour maximiser les profits, loin de là. La semaine prochaine, il y aura un vol pour permettre de transporter du trafic entre Mayotte et La Réunion".
"Concernant les mesures sanitaires, depuis le début nous essayons de sécuriser le corridor. On a mis en place, le gel hydro-alcoolique, la prise de température... Nous travaillons avec les autorités pour mettre en place des tests pré-vols."
"À partir du 10 juillet, ce sera une obligation de faire ces tests avant de prendre le vol entre la Métropole et La Réunion. On ne retrouvera pas le niveau de l’an dernier mais La Réunion peut tirer son épingle du jeu dans les semaines et mois qui suivent si on remet la capacité entre La Réunion et Paris."
"Il faut attendre les mois qui viennent et la fin de l’année pour y voir beaucoup plus clair sur les projets avec les différentes compagnies."
"Air Mauritius ne disparaîtra pas ou renaîtra de ses cendres sous une autre forme. Cela montre la fragilité de notre métier. Même si on est appuyés par des collectivités ou tout le reste, notre futur n’est jamais garanti. Ce que l’on souhaitera c’est toujours développer la coopération avec Air Mauritius et les compagnies de la zone. Nous sommes tous fragiles, c’est entre compagnies aériennes que l’on parviendra à traverser ces phases compliquées."
"La sortie est dans les tuyaux. Le gouvernement actuel a souhaité donner une autre orientation à Air Madagascar en reprenant le contrôle. On sortira notre accord capitalistique tout en maintenant nos accords commerciaux."