Dans notre île, la consommation de bœuf serait l’équivalent en dioxyde de carbone de 400 millions de kilomètres de voiture. L’ex-Beatle Paul McCartney lance un appel à une journée hebdomadaire sans viande pour lutter contre le réchauffement climatique.
Manger moins de viande pour préserver l’environnement. Pourquoi pas ? La production de viande émet 18% des gaz à effet de serre dans le monde. « Un kilo de veau par exemple c’est l’équivalent en dioxyde de carbone de 300 kilomètres de voiture », selon le journal Sciences et Avenir du mois de janvier 2010.
L’idée est relayée par Rajendra K. Pachauri, le Président du GIEC. A 69 ans, ce Prix Nobel de la Paix
(voir son site) estime que
« l’un des premiers gros efforts que devra réaliser la société humaine pour lutter contre le changement climatique est de réduire sa consommation de viande. Le cycle de production de la viande est très intensif, il nécessite beaucoup d’énergie, d’eau, d’aliments pour bétail et génère d’importantes émissions de gaz à effet de serre ».
Réponse cinglante du secteur de la viande en France : "Sir Paul McCartney, dans votre combat pour la préservation de la planète, ne vous trompez pas de cible. La consommation de viande en France n’a que peu de rapport avec le réchauffement climatique", indique Interbev. Un Français comme un réunionnais consomme en moyenne 17 kilos de viande nette de bœuf par an.
En prenant un peu de recul et en analysant les chiffres de la production de viande locale, les conclusions sur le bilan carbone sont révélateurs et importants. La Réunion produit 1 915 tonnes de bœuf et en importe 3 076 tonnes. Ces 5 000 tonnes de viandes bovines consommés tous les ans dans notre île correspondraient en équivalent dioxyde de carbone à 400 millions de kilomètres de voiture par an. Soit 40 000 aller retour Réunion Paris.
Le centre d’information des viandes (CIV) estime que son côté dans un communiqué que la campagne de Paul McCartney surestime la consommation de viande, alors que celle-ci est en diminution constante en France depuis une vingtaine d’années. Le chanteur et le président du Groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique (Giec) Rajendra K. Pachauri, tous deux végétariens, estiment qu’une journée hebdomadaire sans viande permettrait "de réduire les émissions de l’élevage de 5,6 voire 8%".
Difficile de réformer. Rajendra K. Pachauri tente de frapper fort :
« je pense que le changement climatique est un déclencheur qui va nous amener à repenser notre mode de vie et de valeur de la vie humaine ». Dans une interview au journal Québecquois Le Soleil
(lire ici l’interview) il estime qu’il
« faut une plus grande sensibilité à ce qui se passe en ce moment et à nos responsabilités. Nous ne pouvons y échapper. Nous ne sommes plus à l’époque du colonialisme où vous pilliez les ressources du monde pour votre seul bénéfice. C’est une époque révolue. Nous avons besoin de nouvelles idées et de changer notre mode de vie. Et ce sont ces nouvelles idées qui guideront notre existence ».++++
L’enjeu est important
D’ici 2100, une hausse de température de 2 à 4,6° pourrait entrainer la disparition du Groenland, avec l’élévation du niveau de la mer de… 7 mètres. Le Barachois, le Port de Saint Pierre et les villes de l’Ouest seront sous l’eau. Dans la zone Océan Indien, la submersion des îles Maldives sera totale et les Seychelles auront quasi disparues.
Le choc des idées. L’agroéconomiste et analyste environnemental américain, Lester Brown, père du plan B pour un pacte écologique mondial, appelle à changer de civilisation. Il demande de mettre la pression sur les élus : «
dites au parlementaires qu’un monde qui dépense chaque année 1 500 milliards de dollars à des fins militaires est un monde qui se trompe de menace. L’urgence est climatique. Mon plan B pour la planète ne coûte lui, que 187 milliards par an… Pas cher pour sauver la civilisation, non ? » Ce pionnier des recherches sur le développement durable en appelle à un leadership politique :
« nous pouvons diminuer nos dépenses d’électricité de 90% en utilisant des technologies plus efficaces, réduire nos émissions de gaz à effet de serre d’un tiers en remplaçant nos énergies fossiles par des énergies renouvelables ». Des idées qui doivent se transformer, surtout à la Réunion en travail. Car comme le souligne Philippe Jean Pierre, professeur en Sciences de Gestion à l’Institut d’Administration des Entreprises de La Réunion, le bilan 2009 sur le front de l’emploi est catastrophique dans notre département. Près de 50 000 personnes sont dans une situation de chômage de longue durée,
« dans une forme de trappe de pauvreté et entame leurs capacités à s’inscrire dans des perspectives vertueuses. Enfin, lorsque près du tiers de la population active ne travaille pas, ne produit pas, cela n’est pas bon pour notre croissance ». Une croissance qui pourrait venir de l’économie verte.
Voir le blog de Philippe Jean Pierre sur le bilan sur le front de l’emploi à la Réunion.