Hier, le Conseil d’État a ordonné de lever l’interdiction de réunion dans les lieux de culte, dans le cadre de l’épidémie de coronavirus. Les représentants religieux et les fidèles sont partagés entre satisfaction et appréhension.
Pour faire face à l’épidémie de coronavirus, le gouvernement avait mis en place une interdiction "générale et absolue" de se réunir dans les lieux de culte.
Le Conseil d’État a été interpellé par plusieurs personnes et des associations. Le référé de rappeler que "la liberté de culte ne se limite pas au droit de tout individu d’exprimer les convictions religieuses de son choix dans le respect de l’ordre public (mais) comporte également, parmi ses composantes essentielles, le droit de participer collectivement, sous la même réserve, à des cérémonies, en particulier dans les lieux de culte".
Privé de messe depuis plus de deux mois comme de nombreux fidèles, Marcel est heureux de retrouver les bancs de l’église.
"La messe le dimanche, c’est très important pour nous"
Un autre fidèle de poursuivre : "Nou peut prier à la maison mais lé pas pareil l’église."
La communauté musulmane s’apprête quant à elle à célébrer l’Aïd à la fin de la semaine. Une décision qui paraît précipitée selon les représentants des instances religieuses à La Réunion.
"Pour l’instant nous étions calés sur le 2 juin. Si on change les règles maintenant, avec les milliers de fidèles qui arrivent en même temps, ça va être compliqué à gérer", craint Iqbal Ingar, président de la Grande mosquée de Saint-Denis.
Pour Jean-Luc Amaravady, président de la Fédération tamoule à La Réunion, "le but ce n’est pas de savoir quand on va commencer mais surtout savoir quels moyens nous aurons à notre disposition pour faire ces cérémonies en toute sécurité."
En cette période de l’année, de nombreuses cérémonies auraient dû avoir lieu. Mais en raison du protocole sanitaire imposé par le gouvernement, elles ont été annulées.
Saisi en référé par plusieurs associations et particuliers, le Conseil d’Etat - la plus haute juridiction administrative de France - a ordonné au gouvernement de "mettre fin à cette interdiction dans un délai de huit jours".
Le Conseil d’État a pointé le "caractère disproportionné" de la mesure.
Pris par le Premier ministre Edouard Philippe le 11 mai dans le cadre du déconfinement, le décret interdisait "tout rassemblement ou réunion au sein des établissements de culte, à l’exception des cérémonies funéraires, limitées à vingt personnes".