Les policiers sont toujours en colère après les propos d’Emmanuel Macron dans une interview à Brut vendredi dernier. Le président a utilisé l’expression de violences policières. Des mots qui ne passent pas, pour les agents de police. Les syndicats maintiennent donc aujourd’hui leur appel à cesser toute activité, en dehors des urgences.
" Le mot contrarié est un peu faible. L’immense majorité de nos collègues policiers ont l’impression d’être lâchés de toute part. On fait des amalgames sur l’ensemble de la profession police." Les mots de Stéphane Lebreton, secrétaire départemental adjoint d’Unité SGP Police FO, témoignent d’un sentiment général au sein de la police nationale.
Au centre de leur colère, l’utilisation du terme "violences policières" et l’allusion à la récurrences des contrôles d’identité pour les personnes de couleur par Emmanuel Macron, vendredi dernier.
"Nous trouvons ce terme inapproprié et totalement injuste, parce que prononcer cette phrase que certains utilisent comme un slogan, induit de fait que la violence est institutionnelle dans la police nationale”, justifie Stéphane Lebreton. “Nous ne nions pas qu’il y a des violences illégitimes dans la police, il faut les combattre. Mais, ça ne reflète pas du tout la réalité."
Alors, comment appeler les actes de violences commis par des policiers ? "Ce sont des violences de policiers, pas des violences policières", argue Stéphane Lebreton.
"Aujourd’hui quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé. On est identifié comme un facteur de problème et c’est insoutenable", a en outre regretté le président de la République, lors de son interview à Brut.
Un autre point de discorde pour les policiers. "On se demande sur quelles bases il peut prétendre ça, puisque toutes les statistiques ethniques sont interdites en France. Les contrôles d’identité sont dans la plupart des cas ordonnés par le procureur de la république. On est tributaire des zones à contrôler où des faits ont été avérés ou sont soupçonnés", explique Stéphane Lebreton.
Et le syndicaliste de renvoyer la balle dans le camp du président de la République :
" Les collègues qui effectuent les contrôles d’identité ne sont pas responsables de l’origine des personnes présentes. Les politiques de la ville ont bien été faites par les politiques. La ghettoïsation et le regroupement dans certains quartiers n’ont pas été fait par la police nationale."
"Les collègues sont remontés, le mot d’ordre est lancé : pas d’interpellations, pas de verbalisations à tout-va. Le mouvement prend son effet à La Réunion. Il faut que le président revienne sur ses propos", indique pour sa part Idriss Rangassamy, secrétaire général d’Alliance police nationale à La Réunion.