Ce lundi 20 décembre marque le 173e anniversaire de la fête de l’abolition de l’esclavage. Un moment clé de l’Histoire de l’île que les Réunionnais célèbrent chaque année en hommage à leurs ancêtres. Cette année ne fait pas exception et plusieurs commémorations sont organisées dans les quatre coins de l’île, en ce jour.
L’Histoire de La Réunion est fortement marquée par la colonisation et l’esclavage qu’elle a engendré. Les ancêtres des Réunionnais, venus essentiellement d’Afrique, d’Inde et de Madagascar ont été réduits en esclavage pendant près de deux siècles. Le 20 décembre 1848, l’esclavage est aboli sur l’île de La Réunion.
Chaque année, les Réunionnais continuent de rendre hommage à leurs ancêtres en cette journée symbolique.
De Villèle au cimetière de Saint-Paul, de nombreux Réunionnais sont venus assister aux commémorations du 20 décembre 1848. Moringue, chants, danses et recueillements sont au programme. " Lé Réyonés i koné sé kwa nout zistwar, oussa nou sort’ pour ke nou travay su un projé futur pou ke dann 10 zan nou oubli pa nout nasyon ", explique une dame venue se recueillir au cimetière des esclaves
Pour le militant culturel Jean-Eddy Puylaurent, ces 173 ans de liberté ne datent pas d’une époque si lointaine : " Néna enkor des gens ke la vive sou la joute des De Villèle dans les années 70, 80. Tou sa la lé enkor fré dann nout tèt. "
Pour le maire de Saint-Paul, Emmanuel Séraphin, commémorer le 20 décembre dans les petits quartiers est un devoir de mémoire. " Ma famille vient du camp d’esclaves des Villèle. Ce 20 décembre, pour moi, maire de Saint-Paul et cafre, vous imaginez que ça représente énormément de choses et apporte beaucoup d’émotions ", raconte le maire de la commune.
Dans la ville de Saint-Denis, plusieurs hommages ont également été rendus dans le quartier du Ruisseau où une cérémonie s’est ouverte sur le son du maloya.
" Il est important que l’on puisse éduquer nos enfants à ce sujet, qu’en tant que cafre, cafrine, on soit fier de ce que l’on est, ce qui nous constitue : notre couleur de peau, nos cheveux, nos traits, notre langue créole, que l’on puisse être fier de la parler également ", explique une dame venue assister à la cérémonie avec sa famille.
Le quartier Ruisseau n’a pas été choisi au hasard pour la commémoration, car il s’agit d’un lieu chargé d’histoire qui à l’époque a accueilli un camp d’esclaves et d’engagés. " Ce sont des camps qui existent avant 1848, mais qui se structure progressivement parce qu’ils vont servir d’espace d’accueil pour la population qui a été libérée en 1848 " raconte l’historien Laurent Hoareau. Un panneau explicatif ainsi qu’une fresque symbolisant l’Histoire de ce lieu prennent désormais place dans l’espace public.
Le préfet Jacques Billant et la maire de la commune Ericka Bareigts se sont rendus sur place également. "Les 25 artistes ont travaillé avec l’ensemble de la population parce que nous pensons que le 20 décembre c’est les racines de ce que nous sommes. Ces racines ont été coupées, ont été effacées. Donc, avec de la médiation culturelle, avec des artistes, nous apprenons, nous nous enrichissons. Et lorsque nous connaissons, nous pouvons construire l’avenir ", fait savoir la maire du chef-lieu.
Une cérémonie se déroule également au cimetière de l’Est pour se recueillir sur la tombe de Toinette, la seule esclave à avoir une sépulture à Saint-Denis.