Ce début d’année a été marqué par des épisodes pluvieux conséquents, notamment avec les cyclones Batsirai et Emnati. Ainsi, l’agriculture réunionnaise a été fortement impactée et cela s’est traduit par l’augmentation des prix des fruits et légumes. La question de l’autosuffisance alimentaire est sur toutes les lèvres. Certains agriculteurs misent sur la production de tubercules qui peuvent être transformés et ainsi remplacer certains aliments.
La Réunion est très dépendante des importations alimentaires. Avec la crise géopolitique en Ukraine et les récentes intempéries sur l’île, cette dépendance pose problème. Ainsi, la solution de la souveraineté alimentaire est fortement envisagée.
À Saint-Joseph, Christophe Payet était producteur de cannes et d’ananas, il y a quelques années. Aujourd’hui, il a consacré un demi-hectare de son exploitation à la culture du maïs, de différentes variétés de maniocs et de patates douces. L’homme a en effet choisi de faire ce changement, car il voit en ces tubercules un véritable potentiel pour La Réunion de demain.
"On peut faire de la confiture, des gâteaux, des galettes, de la farine. On peut les mettre dans les carris. Il y a beaucoup de dérivés qui peuvent ressortir de ces produits-là. Les gens ne le savent pas forcément, et moi aussi j’en apprends encore", explique-t-il.
Danylo Taïlame, président de l’association des producteurs et fermiers du Sud, mise lui aussi sur la diversification des cultures pour répondre aux besoins des Réunionnais. Cette décision de changement a notamment été due à l’augmentation des prix des entrants. "L’avantage quand on plante le manioc, le songe ou la patate, c’est qu’ils sont sous la terre", ajoute-t-il.
La chambre d’agriculture de La Réunion vient en aide aux agriculteurs qui souhaitent se diversifier afin de faire le premier pas vers l’indépendance alimentaire. Elle a mis en place des formations pour apprendre aux agriculteurs à transformer les tubercules péï. "La souveraineté alimentaire à La Réunion, c’est possible. Mais il faut que tout le monde s’en donne les moyens, aussi bien les consommateurs que les producteurs. Il faudrait changer un peu son mode d’alimentation et il ne faut pas avoir peur d’innover", fait savoir Éric Lucas, responsable de la cellule diversification végétale à la chambre d’agriculture.