La convention internationale STCW Pêche est au cœur des débats dans les ports de pêche réunionnais. Ratifiée par la France en 2019 et entrée en vigueur récemment, elle prévoit l’obligation pour tous les marins-pêcheurs de mettre à jour leurs brevets.
La convention internationale STCW Pêche instaure une obligation pour les pêcheurs de mettre à jour leur formation selon des standards internationaux. Son application à La Réunion a été repoussée à cause de la crise Covid, mais elle est désormais entrée en vigueur. Les pêcheurs de l’île, comme ailleurs en France, doivent attester d’une nouvelle formation pour pouvoir continuer à travailler.
Si la majeure partie des marins doivent passer par des formalités administratives, d’autres se voient dans l’obligation de suivre une formation de 15 jours pour obtenir le CFBS, le Certificat de Formation de Base à la Sécurité. Sans ce certificat mis à jour, les professionnels de la mer, même expérimentés, ne pourront plus pêcher.
Thierry Mussard est pêcheur professionnel depuis plus de 30 ans. Pour lui, la pêche c’est “une passion, un besoin. Quand on y a goûté, quand on pêche, on ne peut plus s’arrêter”, nous confie-t-il. Lorsqu’il a appris que pour poursuivre son métier, il lui fallait passer le nouveau Certificat de Formation de Base à la Sécurité pour s’aligner sur la réglementation internationale, sa réaction a été catégorique : “c’est débile, on a déjà eu affaire à toutes les situations en mer, à éteindre des feux, à sauver des gens, à utiliser la radio tous les jours... Et aujourd’hui, il faut qu’on ait un papier qui atteste qu’on sait le faire. Donc il faut qu’on repasse un brevet, sinon on n’a plus le droit d’être pêcheur".
Une situation qui contraint aussi Henri-Paul Mezino, qui pêche depuis des années mais n’est devenu professionnel que depuis 1 an et demi. Pour lui, une formation de quinze jours représente une perte potentielle de revenus.
Cette nouvelle législation provoque l’incompréhension et la colère chez les professionnels de la mer. Ces derniers demandent au gouvernement de prendre en compte les spécificités territoriales. “On ne peut pas comparer une spécificité petite-pêche avec celle d’un marin qui navigue sur un navire de 30 mètres dans le golf de Gascogne par exemple. Aujourd’hui, c’est de la petite pêche qu’on parle. On ne doit pas nous imposer cette réforme nationale”, estime Bertrand Baillif, le président du comité des pêches.
Le brevet coûte 500 euros et peut être pris en charge par les dispositifs de formation de l’Etat. Malgré cela, les pêcheurs demandent la mise en place d’une validation des acquis de l’expérience pour ne pas avoir à repasser de brevet.