Les citoyens choisis pour prendre part aux réflexions sur les prix à La Réunion vont rencontrer Emmanuel Macron. Ils comptent lui faire part de leur sentiment.
À l’occasion de la venue du président de la République à La Réunion Saint Denis, le 22 octobre 2019
La Réunion présente une situation économique et sociale "hors norme" avec un seuil de pauvreté de 40 %, le quart de la population active au chômage et un revenu médian inférieur de 30 % à celui de la métropole.
Si on ajoute à cela le coût de la vie exorbitant, en particulier celui de l’alimentaire qui demeure supérieur de près de 40 % à celui de la métropole selon l’Insee,et qui frappe tout particulièrement les plus modestes, les Réunionnais sont clairement victimes d’une double peine : celle de revenus faible conjugués à un coût de la vie élevé.
C’est dans ce contexte que s’est déclenchée il y a presque un an la crise des Gilets Jaunes, suite à quoi nous, citoyens réunionnais, avons été tirés au sort pour être associés aux travaux de l’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus (OPMR).
Depuis maintenant sept mois, nous nous réunissons tous les mois en assemblées plénières au cours desquelles nous évoquons entre autre les avancées de nos travaux réalisés en groupe autour de 6 thématiques :
• Organisation et statuts des citoyens de l’OPMR
• La santé
• Le logement
• L’alimentation et le Bouclier Qualité Prix (BQP)
• Les carburants
• La production locale
D’autres groupes de travail sont en cours de structuration ; ils concernent la filière agricole, les revenus, l’analyse du rapport de la Haute Autorité de la Concurrence, etc …
Ces travaux, nous les effectuons tous avec bonne volonté, malgré des conditions pas toujours évidentes : nous sommes tous bénévoles et prenons sur notre temps de travail pour assister aux réunions, ce qui peut s’avérer parfois compliqué…
Mais nous ne souhaitions pas seulement présenter à la population notre rôle et nos travaux au sein de l’OPMR ; nous désirons également interpeller le Président de la République avant de le rencontrer jeudi :
Monsieur le Président, la situation dramatique dans laquelle se trouve La Réunion appelle des mesures d’urgence ! Or qu’avez-vous fait pour répondre à la détresse que les réunionnais ont manifesté à travers la crise des Gilets Jaunes ?
Qu’en est-il des promesses faites par Madame la Ministre des Outre-Mer lors de sa venue en décembre 2018 ? Ah oui, une mesure, selon le site « Transparence à la Réunion » : le prix du BQP a diminué de « plus de 12 % » en 2019 par rapport à 2018,
Mais que représente cette mesure lorsque l’on sait que non seulement la liste des produits composant le BQP ne correspond en rien aux habitudes alimentaires des réunionnais, mais encore que, de l’aveu même des grandes surfaces, cette baisse a été répercutée sur les prix des autres produits !!
Non, Monsieur le Président ! Cette « mesurette » ne peut pas suffire à répondre à la détresse, voire au désespoir, des réunionnais !
Un projet de plan d’actions a été présenté par le préfet de La Réunion il y a un mois lors de la venue de la ministre des outre mers. Ce projet reprend un certain nombre des préconisations de l’OPMR, mais vous n’en avez pas tenu compte. Pourquoi ?
Face à votre inaction, l’annonce en juillet dernier du rachat de Vindemia par le groupe Bernard Hayot, déjà leader ou en passe de l’être à La Réunion dans les secteurs de la grande distribution, de l’importation, du bricolage, de l’automobile (pneus, location, vente de véhicules particuliers et de camions...) du sport, de la culture, de la restauration rapide, ou encore de l’agro-alimentaire... représente un vrai danger. C’est rien moins que le développement de La Réunion pour les trente prochaines années qui est en jeu !
Vous ne pouvez donc pas abandonner le sort de la population Réunionnaise entre les mains de quelques technocrates parisiens de l’Autorité de la concurrence.
Donnez-nous le pouvoir de prendre en main notre propre destin. L’étude d’impact que l’OPMR doit rendre publique en fin de semaine prochaine vous expliquera comment faire pour y parvenir et pour faire en sorte que la vente de Vindemia soit non pas un frein mais un atout pour notre territoire.
Tout aussi préoccupant, l’opinion publique a récemment été interpellée sur la main-mise de deux sociétés tentaculaires (InVivo et Urcoopa) dans les secteurs agricole et agroalimentaire à La Réunion et ses conséquences dramatiques sur les prix et la qualité sanitaire des "produits péi" (leucose bovine, maltraitance animale, pesticides...).
Dans ces conditions, n’attendez pas pour agir que cette détresse se transforme en colère et que La Réunion ne s’embrase encore ! Nous attendons de votre visite un geste fort, des mesures concrètes, chiffrées et avec un calendrier d’application.
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Ce jeudi, nous allons présenter au Président et aux ministres quelques propositions issues de nos travaux. Nous pourrons vous parler des résultats de ces échanges après notre rencontre.