Les planteurs demandent aux usiniers la révision de la formule d’achat des cannes coupées mécaniquement. Faute d’une main-d’oeuvre suffisante, une trentaine d’agriculteurs ont investi dans des coupeuses péi à Sainte-Rose. Selon les usiniers, les cannes coupées mécaniquement sont moins riches en sucre. Elles sont achetées 2 fois moins chères que les cannes coupées à la main.
La coupe mécanique est plus rapide et semble plus efficace. Elle permet de récolter entre 50 et 60 tonnes de cannes par jour, contre 15 tonnes par semaine avec la coupe manuelle.
L’agriculteur et vice-président de l’UPNA, Dominique Clain, a investi 125 000 euros dans une coupeuse péi, faute de main-d’oeuvre. Cependant, il explique : "Le problème de la main-d’oeuvre c’est qu’on en trouve plus et ça coûte trop cher. Investir dans le matériel oui, mais il faut avoir un bon compromis avec Tereos. À un prix fiable pour la coupeuse, il faut qu’on ait un prix juste, qu’on arrive à vivre."
Selon les usiniers les cannes coupées mécaniquement sont moins riches en sucre et valent donc moins chères. Ce qui est un gouffre financier pour les planteurs.
Dominique Clain déclare : "On a un tas de cannes coupé à la main aujourd’hui on va en tirer un 12 ou un 13 de richesse. À côté on a le même tas de cannes coupé à la machine et on va en tirer un 4 ou un 5 de richesse."
Il ajoute : "Pourtant c’est le même champ, c’est inadmissible que dans une parcelle identique on tire deux richesses différentes."
Découragé, Charles Antaya, agriculteur à Sainte-Rose, a lui renoncé à investir dans une coupeuse péi. Après avoir fait ses comptes, le prix proposé par les usiniers pour la tonne de cannes coupée mécaniquement ne lui permettra pas d’amortir un investissement aussi couteux.
Il raconte : "On a pas la garantie d’un prix qui va nous permettre de payer cette machine. Au lieu de sortir 30 ou 35 euros par tonne de cannes coupée à la machine, vous n’en sortez que 17, 13 ou 14. En l’occurrence, moi sur une production en moyenne de plus de 2 000 tonnes de cannes vous voyez ce que ça peut faire ?"
Pour Tereos, la différence s’explique par la présence de bourgeons, de pailles et de terre dans la tonne coupée mécaniquement.
Patrick Thomas, responsable agronomie chez Tereos, explique : "Le mode de coupe n’induit pas de différence sur la richesse de la tige sucrée. Toutes les parties de la plante n’ont pas le même prix. Et quand on ramène, dans un chargement, des parties de plantes qui ne contiennent pas de sucre on ne peut pas avoir le même prix que le chargement qui lui ne contient que des tiges sucrées."
Lors des dernières négociations avec les usiniers, la question de la coupe mécanique n’a quasiment pas été abordée selon les agriculteurs. La convention canne, signée l’année dernière, est valable pour une durée de 5 ans.