L’enquête Virage (violences et rapport de genre) a été déclinée en 2018 à La Réunion. Les premiers résultats ont été dévoilés par le préfet ce vendredi.
Réalisée en 2015 par l’Ined (Institut national d’études démographiques), l’enquête Virage (Violences et rapport de genre) a été déclinée en 2018 dans 3 départements et régions d’Outre-mer :
- La Réunion,
- la Guadeloupe,
- la Martinique.
A l’occasion de la Journée des droits des femmes, Amaury de Saint-Quentin, préfet de La Réunion et Magda Tomasini, directrice de l’Ined ont présenté les premiers résultats de l’enquête sur les violences dans les espaces publics, au travail et dans les couples réalisée à La Réunion.
Les résultats de cette enquête sont édifiants : plus d’une femme sur trois a déclaré au moins un fait subi dans les espaces publics au cours des douze mois précédants l’enquête, contre 1 sur 4 en France métropolitaine.
La violence dans les espaces publics est essentiellement de forme verbale (insultes), complétée par des actes de harcèlement et d’atteintes sexuelles, mais elle prend rarement la forme d’agressions physiques ou sexuelles.
Ces actes incluent : des interpellations sous un prétexe de drague (36% des femmes enquêtées), des insultes (9%), des propositions sexuelles insistantes (3%), être suivie avec insistance (5%).
Toujours selon cette enquête : ces violences sexistes et sexuelles dans les espaces publics se déroulent dans un contexte de forte interconnaissance.
Les autres de faits de violences envers les femmes sont quasi exclusivement des hommes : 98% pour les interpellations sous un prétexte de drague et les propositions sexuelles insistantes.
Des faits subis par les femmes dans les lieux fréquentés régulièrement et dans la journée
La majorité des violences déclarées par les femmes se sont déroulées dans des lieux fréquentés régulièrement (77%). Dans 36% des cas : les victimes se trouvaient entre autres dans la rue et dans 23% des cas, dans le centre-ville ou dans un centre commercial.
L’enquête révèle aussi une exposition au risque liée à l’âge, au mode de socialisation et de fréquentation des espaces. Les femmes jeunes sont plus exposées aux violences mais à des degrés différents en fonction des actes.
Les femmes jeunes sont nettement plus souvent la cible d’interpellations sous un prétexte de drague. Les femmes jeunes sont aussi plus souvent la cible d’insultes.
1 femme sur 4 résidant à La Réunion a subi des violences au travail (26% des femmes et 25% des hommes) au cours des 12 derniers mois, contre 1 personne sur 5 en métropole.
Les faits sont majoritairement répétitifs et les victimes peuvent également subir plusieurs types de violences à la fois.
Les jeunes femmes, les cadres et les salariées de l’Etat déclarent davantage de faits de violence au travail.
Au sein des couples : les mères de famille de plus de trois enfants et les femmes sans emploi sont plus souvent victimes de faits de leur dépendance financière.
Les violences psychologiques demeurent les principales violences déclarées (28%). Alors qu’en métropole, les violences psychologiques ont eu tendance à baisser légèrement entre 2000 et 2015, il n’en est pas de même à La Réunion où ces dernières sont restées stables.
Près d’un quart des femmes vivent une relation de couple conflictuelle. Selon l’enquête Virage, les disputes les plus fréquemment déclarées par les femmes concerneraient l’éduction des enfants (23%), les sujets liés au partage des tâches de la vie quotidienne (22%) et les rapports avec la famille (22%).
Depuis la dernière enquête menée en 2002 = la parole des femmes s’est libérée. Elle sont de plus en plus nombreuses à dénoncer les violences dont elles sont victimes.
L’enquête ENVEFF (Enquête sur les violences faites aux femmes), réalisée en 2002 à La Réunion sur le modèle de l’enquête métropolitaine de 2000, fut la première recherche permettant de mesurer l’ampleur des violences faites aux femmes sur le territoire.
Depuis l’ENVEFF, de nouveaux enjeux sociaux et scientifiques ont émergé, ainsi qu’un besoin de mesurer les évolutions du phénomène
C’est ainsi que l’Ined a réalisé l’enquête Virage dans le but de mesurer les faits de violences verbales, psychologiques, physiques et sexuelles vécus dans les sphères familiales, conjugales, dans l’emploi et dans l’espace public. Les violences sont distinguées selon la nature, la fréquence, le contexte et les conséquences des actes.
L’enquête permet également de tenir compte de la gravité ressentie par les victimes face aux faits déclarés.