Jeudi 13 janvier dernier, une proposition de loi a été portée au Sénat afin de rendre le port du casque à vélo. Ce projet de loi a été rejeté par la haute assemblée qui se dit en faveur d’un effort pédagogique, mais pas d’une obligation légale.
Le casque à vélo est déjà une mesure obligatoire pour tous les usagers de moins de 12 ans. Ce texte de loi visait à étendre cette obligation à tous les conducteurs de véhicules à une ou deux roues. Elle aurait donc également concerné les utilisateurs de trottinettes électriques. Le non-respect de cette règle aurait entraîné une amende de 135€. Une proposition similaire avait déjà été présentée devant l’Assemblée nationale en 2019 et avait été rejetée.
Même s’il n’a pas une efficacité miracle, le casque permet quand même de limiter les accidents mortels. Une étude menée en 2016 par Jake Oliver et Prudence Creighton en Australie estime que le port du casque réduit de 70% les risques de blessures graves à la tête, et les risques de décès des suites d’un traumatisme crânien sont réduits de 65%.
Pour Magali Cesbron Secrétaire départementale de la ligue contre la violence routière, "c’est un sujet sur lequel on planche depuis plus de 10 ans, qui ne faisait pas l’unanimité, même au sein de notre association. Petit à petit on a réussi à ramener les gens à la raison en leur faisant comprendre que nous sommes dans une société où on a de nouveaux engins, on a des trottinettes électriques, des gyropodes, on a plein d’engins qui apparaissent. À un moment donné, si on veut que tout se passe au mieux pour la vie des gens, il faut prendre des mesures. De mesures de sécurité."
La pratique du vélo est une pratique à risque, au 16 décembre 2021, 223 cyclistes sont décédés sur les routes de France selon l’observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). Il est difficile de déterminer le nombre d’entre eux qui portaient un casque, mais les défenseurs du projet de loi estiment que le rendre obligatoire réduirait fortement ce chiffre.
Les principaux arguments des "contre" ce projet de loi sont d’ordre administratif, une telle obligation qui serait accompagnée d’amende en cas de non-respect, ne relève pas du domaine de la loi, mais du règlement. Il s’agirait de modifier le Code de la route ce qui ne relèverait pas du domaine des parlementaires, mais de celui du gouvernement.
Pour Arnaud Fachero, adhérent de la fédération des usagers de la bicyclette, le port du casque est une bonne chose "mais l’obliger est clairement contre-productif, stigmatisant et décourageant. Décider de mettre un casque sur sa tête c’est décider de mettre de la sécurité. Mais en fait, cette sécurité peut être présente à n’importe quel moment. Pour moi c’est une décision d’envie et de besoin qui doit être adaptée à la situation et à la pratique du vélo. Le frein est clairement sur la liberté de la personne."
Le fait de rendre obligatoire le casque à vélo pourrait également avoir des effets pervers. En effet, beaucoup de personnes qui se sont tournées vers ce moyen de transport pourraient être amenées à le laisser tomber si le casque était obligatoire. De plus, certains avancent que le port du casque amène les cyclistes à adopter des comportements plus à risque sur les routes. Le port du casque reste donc fortement conseillé mais ne devient pas obligatoire.
Guillaume Caras