Le Sénat a adopté ce jeudi 21 novembre l’amendement de la sénatrice réunionnaise Audrey Bélim visant à taxer la publicité des boissons alcoolisées sur le territoire réunionnais.
Réaction de la sénatrice :
"J’ai réussi à faire basculer le Sénat en racontant ce qu’est l’alcoolisme excessif à La Réunion. Les sénateurs socialistes de mon groupe étant venus à La Réunion en avril ont par ailleurs rappelé ce qu’ils avaient vu au service d’addictologie du CHU de La Réunion : un contexte sanitaire alarmant.
Les chiffres sont en effet sans appel. A La Réunion, l’alcoolisme constitue un enjeu de santé publique majeur. Santé Publique France relève un taux de mortalité de 68,3 pour 100 000 habitants, contre 49,2 au niveau national. Ce ne sont pas moins de 600 décès annuels qui sont directement imputables à cette problématique. Les conséquences sont dramatiques : violences intrafamiliales, accidents de la route, syndrome d’alcoolisation fœtale… La vive émotion installée dans l’hémicycle a suscité les excuses de la ministre et de la rapporteure pour leur réponse. L’amendement a par la suite été adopté par le Sénat. Il instaure une taxation sur les dépenses publicitaires des entreprises produisant, important ou distribuant des boissons alcooliques, dont le chiffre d’affaires dépasse 2 millions d’euros. Elle touche bien toutes les boissons alcooliques, et pas seulement le rhum. Elle vise bien la publicité, et non la production d’alcool, préservant ainsi les entreprises réunionnaises produisant du rhum : cet amendement n’est pas contre elles. Il est contre l’alcoolisme.
Les fonds collectés seront directement affectés au financement de la prévention et de la lutte contre les addictions : il ne s’agira pas d’abonder le budget de l’Etat en ces temps de contrainte budgétaire mais bien de lutter contre les addictions. Ce vote, rare au-delà des clivages politiques, transcende les appartenances partisanes. Socialistes, écologistes, communistes, centristes et républicains se sont unanimement mobilisés et ont successivement pris la parole pour dénoncer les positions défavorables du gouvernement de la rapporteure et soutenir mon amendement. Je tiens à les remercier pour leur esprit républicain et leur attention à La Réunion. Ce vote montre notre capacité - trop rare ! - à agir collectivement face à des défis sociétaux majeurs.
Un signal fort est ainsi adressé par le Sénat : la santé des Réunionnaises et des Réunionnais n’est pas négociable."