Yassine Ben Abdallah est un Réunionnais originaire de la ville du Port. Ce jeune artiste designer s’est distingué ce week-end en remportant le Grand Prix du jury Design Parade Hyères et le prix du public de la ville de Hyères. Son projet : un sabre (une machette) fait avec du sucre. Un symbole fort puisque derrière cette oeuvre se cache tout un symbole de l’époque coloniale de La Réunion, une partie de notre histoire, de notre identité.
Ce week-end Yassine Ben Abdallah, un jeune artiste designer pluridisciplinaire venu tout droit du quartier du Port de La Réunion s’est illustré au Design Parade Hyères du 17e Festival international de Design.
Il a été récompensé pour l’une de ses œuvres : un sabre fabriqué à partir du sucre.
Plus qu’un objet, c’est tout un symbole qui prend forme. "J’ai grandi à la Réunion , où la culture et l’identité de notre territoire a été modelé par le système de plantation. C’est comme ça que le créole émerge."
Après des recherches, il s’est alors rendu compte qu’il ne reste aucun objet des populations esclavagisées.
Mais une question s’est posée : "comment faire mémoire en tant que communauté lorsqu’on a aucun objet qui témoigne de notre passé ?" .C’est là que lui vient alors cette idée de sabre en sucre. "Le sabre c’est un objet qui retrace cette histoire. Et la machette c’est un outil agricole qui cristallise (comme le sucre) aussi en lui les violences coloniale. "
Ce projet s’est aussi essayer de se soigner collectivement et se construire pour le futur pour l’artiste.
Dans un premier temps, Yassine Ben Abdallah a récolté des sabres qui viennent de La Réunion, puis il en fait des moules à partir de silicone pour avoir la trace des sabres.
Puis il fait chauffer du sucre dans une casserole pour avoir le caramel, que l’on verse dans un moule. Le sucre va ensuite sécher, se figer pour obtenir la machette.
L’oeuvre reste malgré tout éphémère puisque le sucre va progressivement fondre au fil du temps mais cela vient alimenter le symbolisme de son oeuvre. Montrer d’une certaine manière que cela s’efface, pour des objets de mémoire de notre histoire.
Ce projet faisait parti de son diplôme de fin d’étude l’année dernière mais aussi d’un travail mené avec le musée de Villèle, à La Réunion.
En ayant vu son Oeuvre récompensée, "beaucoup d’émotion ont envahi", portois. "Le fait d’avoir eu de telles récompenses c’est très touchant", confie-t-il encore ému, les larmes (de joie) au bord des yeux. Il souligne également que d’avoir eu le prix du public est tout aussi fort et important à ses yeux pour ce travail. "Cela montre que les gens ont été touchés par cette histoire".
"On ouvre ainsi la possibilité de montrer notre histoire. Nou lé pa plus, nou lé pa mwin", conclut l’artiste.
Yassine Ben Abdallah vit entre Les Pays-Bas et La Réunion. Engagé, il travaille également sur d’autres projets autour de la communauté indou-musulmane, ou encore l’histoire du riz à La Réunion.