Antenne Réunion
Dans un communiqué, Pour La Réunion (PLR), parti politique fondé par Huguette Bello, est contre la suppression des allocations familiales comme moyen de lutte contre la délinquance à La Réunion.
Communiqué :
"Le 5 février dernier, la Préfecture a présenté son plan anti-bande. Parmi les mesures annoncées, le contrôle ciblé de prestations sociales pour les familles des mineurs impliqués et la possible suspension d’allocations en cas de fraude. C’est une nouvelle escalade dans une politique répressive, inefficace et injuste. Nous dénonçons fermement cette approche punitive qui stigmatise les familles et alourdit leurs difficultés financières, sans s’attaquer aux causes profondes du problème.
Premièrement, la réponse de l’État à la délinquance ne peut pas être uniquement une réponse de sanction économique envers des parents déjà en difficulté. Le code civil prévoit que les parents doivent répondre pour les erreurs de leurs enfants mais pas de cette façon. Pour rappel, l’exemple de suppression d’allocations, que la loi Ciotti de 2010 avait instituée en réponse à l’absentéisme scolaire, loi heureusement abrogée en 2013, était une mesure de nature administrative dont l’efficacité n’a pas été démontrée par les statistiques disponibles. Aucun lien n’a pu être établi entre la suspension des allocations et un changement dans le comportement des familles ou des enfants. La lutte contre la délinquance sur notre territoire doit être menée avec discernement et responsabilité, en s’attaquant aux racines du problème et en comprenant les causes de la montée d’actes violents plutôt qu’en multipliant les sanctions aveugles.
Deuxièmement, il est impératif de mettre en place des mesures sociales et éducatives adaptées aux quartiers concernés par les violences. La prévention, l’accompagnement éducatif, le travail social de proximité dans les 49 quartiers prioritaires de notre île ainsi que des plans de réinsertion socioprofessionnelle doivent être renforcés pour offrir aux jeunes des perspectives d’avenir. C’est en investissant dans la socialisation, la prévention, l’éducation, la formation et l’emploi que nous pourrons construire une société plus apaisée et préserver notre vivre-ensemble.
Le PLR appelle à la mise en place d’un plan triennal de prévention de la délinquance, fondé sur les résultats de recherches scientifiques sérieuses et ayant déjà fait preuve sur d’autres territoires. La Préfecture devrait s’inspirer des travaux présentés aux Nations unies par le professeur Harvey Milkman, chef de file international de la réflexion sur les programmes de prévention contre la délinquance et l’addiction des jeunes, connu pour avoir contribué à détourner la jeunesse islandaise de la délinquance, de l’alcool et de la drogue. A ce jour, une quinzaine de pays ont engagé des programmes similaires. Un Programme de trois ans adapté à la situation locale, a été engagé en Nouvelle-Calédonie. Enfin, quand 36% de la population réunionnaise vit sous le seuil de la pauvreté, il est tout simplement irresponsable de priver des familles d’aides indispensables à leur survie. Cette mesure ne peut être que contre-productive et ne permettra en aucun cas d’endiguer les tensions sociales grandissantes.
L’État doit assumer ses responsabilités en apportant de véritables solutions à la hauteur des défis sociaux que connaît La Réunion. La Préfecture doit annuler cette mesure et revoir son plan en intégrant des mesures sociales de prévention, de médiation et d’accompagnement des familles et des jeunes concernés. Loin des discours populistes et des politiques punitives, il est temps de construire un avenir plus juste et solidaire pour tous."