Jean-Luc Poudroux, député de La Réunion, a décidé d’interpeller Emmanuel Macron dans une tribune.
"Monsieur le Président de la République, Les Réunionnais s’apprêtent à vous accueillir avec les honneurs dus à votre rang dans un contexte social et économique extrêmement tendu, avec ce sentiment que leurs voix n’aient pas été finalement bien entendues par l’Etat, suite notamment aux justes revendications locales posées en plein mouvement des Gilets Jaunes de l’année dernière.
Le Grand débat national, les Assises de l’Outre-mer, le Livre Bleu, le contrat de convergence, le projet 5.0 de la Ministre des Outre-mer ne sont pas le préalable attendu par la population réunionnaise. Ils sont importants, certes, tout comme les projets et les chantiers qui sont en cours de réalisation ou dans les tuyaux comme par exemple la NRL, le Run Rail/TAO, les téléphériques, l’écocité de Saint-Paul, le site portuaire et technologique de Bois rouge, etc. Tout cela est essentiel pour la vitalité et l’innovation de notre territoire qui ne demande qu’à rayonner sur les pays de la zone de l’Océan Indien.
Toutefois, je voudrais insister d’abord et avant tout sur l’identité et la spécificité qui caractérisent l’Homme réunionnais d’aujourd’hui. Le Réunionnais d’aujourd’hui n’est plus le Réunionnais d’hier. Il demandait lors de la départementalisation en 1946 de devenir Français et aujourd’hui, il exige d’être un Français comme les autres en même temps qu’on lui reconnaît sa diversité.
Tant que l’Etat ne garantira pas aux citoyens et aux consommateurs réunionnais le même niveau de droits qu’un Métropolitain, le Gouvernement aura beau signer tous les contrats de convergence, toutes les lois qu’il imposera aux parlementaires, le Réunionnais restera considéré comme un Français de second rang, relégué au ban de la France métropolitaine, de ses valeurs universelles, de ses principes républicains. Parce que, Monsieur le Président de la République, tout Réunionnais, toute entreprise réunionnaise doit avoir le droit de bénéficier autant que possible de la continuité territoriale des personnes, des biens et des marchandises, des mêmes prix que ceux pratiqués en France métropolitaine. C’est cela le préalable à toute évolution institutionnelle et à tous les projets soutenus par le Gouvernement. Sans cela, je crains que la société réunionnaise n’implose et ne se délite complètement. Parce qu’aujourd’hui, tout finit par devenir confus. Honneur et réussite personnelle, respect et réputation se confondent sur les réseaux sociaux et ont fini par se neutraliser.
L’Homme réunionnais réclame la reconnaissance de sa dignité Monsieur le Président de la République. Parce que tout acte contraire au principe de continuité territoriale est en violation de l’article 8 du Code civil : Tout Français jouira des droits civils et de l’article 1 de notre Constitution : La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens. La Réunion est un département français. Le Réunionnais exige de votre Gouvernement qu’il prenne toutes les dispositions y compris expérimentales pour qu’il puisse pouvoir librement circuler, consommer, se former, travailler comme n’importe quel Métropolitain ou comme n’importe quel habitant des Açores ou de Madère et de leur Métropole. Être Réunionnais, c’est être un Français comme les autres. Être Réunionnais, c’est pouvoir exprimer sa différence dans la zone de l’Océan Indien. Une fois cela fait, La Réunion pourra devenir une véritable vitrine française et européenne dans l’Océan Indien.
A défaut, tout ne serait qu’illusion. Je souhaite enfin vous interpeller sur plusieurs sujets d’inquiétudes pour la santé des Réunionnais. D’abord, les épidémies de dengue qui n’en finissent pas, ensuite la crise requin qui perdure et enfin la crise de la leucose bovine. Les Réunionnais s’impatientent d’attendre encore des actes forts, de l’efficacité sinon de l’efficience de la part de toutes les autorités publiques. Il est évident qu’il y a là les signes d’un scandale ou de l’indifférence publique. Je ne dis pas que rien n’a été fait, mais pas suffisamment pour produire des résultats bénéfiques et positifs sur la santé des Réunionnaises et des Réunionnais.
Voilà, Monsieur le Président de la République, les principaux sujets qui nécessitent votre haut arbitrage et surtout un suivi constant et le plus poussé possible de vos services. Dans l’attente de vous les exposer personnellement, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération."