Ce vendredi 16 décembre, le collège de Bras-Panon a officiellement été rebaptisé collège Fanny Desjardins. Il met ainsi à l’honneur la figure historique ayant vécu au temps des colonies de 1778 à 1845. Fanny Desjardins était parvenue à devenir une femme d’affaires, dans une société où il était difficile pour une femme, mulâtresse et anciennement esclave. Elle est également la mère du poète Auguste Lacaussade.
« Alors que nous célèbrerons dans quelques jours le « 20 désanm », cette inauguration constitue un événement qui s’inscrit pleinement dans ce cycle de commémoration qui honore comme il se doit, ce qu’Auguste Lacaussade qualifiait de « présent de la liberté ». »
Ce vendredi 16 décembre, le collège de Bras-Panon a été officiellement baptisé le collège Fanny Desjardins. Une inauguration en présence de Jeannick Atchapa maire de Bras-Panon, Vice-Président du Département, représentant le Président Cyrille Melchior, de la rectrice Chantal Manès-Bonnisseau, et de Sylvain Avione, principal du collège Fanny Desjardins.
A la suite du dévoilement de la plaque commémorative, Prosper Ève, professeur des universités, a fait une présentation de l’esclave affranchie Fanny Desjardins. Puis, un arbre a été planté par les collégiens et un spectacle a clôturé la matinée.
Rebaptisé le collège de Bras-Panon : Un projet débuté en 2018
19 décembre 2018 : le collège de Bras-Panon fête les 170 ans de l’abolition de l’esclavage. Une quinzaine d’ateliers permettent aux élèves de découvrir le moringue, le maloya, les jeux lontan… Les collégiens découvrent les figures de l’esclavage, la généalogie, un lieu de mémoire à travers la visite du musée de Villèle.
De février à avril 2019 : un sondage est mené pour choisir le futur nom du collège. Le nom « Fanny Desjardins » sort vainqueur.
De avril à juin 2019 : le chef d’établissement propose au Conseil départemental le changement de dénomination du collège. Comme l’exige la procédure, cette initiative a été pleinement soutenue et adoptée par le Département lors de la Commission permanente du 17 juillet 2019.
Mars 2020 : La cérémonie prévue est reportée en raison du Covid.
Août 2022 : Présentation de l’histoire de Fanny Desjardins à tous les collégiens pour une réappropriation car les générations d’élèves qui ont travaillé sur le projet sont désormais au lycée.
Août à novembre 2022 : En vue de l’inauguration du collège (16 décembre), organisation d’ateliers comptant quatre intervenants extérieurs et le personnel du collège. Un concert avec les élèves de l’option chorale et des percussionnistes de l’atelier tambour-maloya ainsi que des danseuses et le chanteur d’Appolonia peaufinent un spectacle.
FANNY DESJARDINS (1778-1845) : Un parcours d’exception
Petite esclave, puis affranchie, elle deviendra une des rares femmes d’affaires réunionnaise. Elle est, selon toute vraisemblance, la fille du chevalier Jean-Baptiste Banks, et d’une esclave. Elle est donc une mulâtresse. Son père ne la reconnaîtra pas : c’est l’un des interdits de l’époque. Il la recueille et l’affranchit. Il veillera à son éducation et lui lègue de la terre et deux esclaves. À la mort de son père, elle est maltraitée par sa belle-mère. Elle a pour compagnon l’avocat bordelais, Augustin Pierre Cazenave de Pierre Augustin Lacaussade, dont elle aura six enfants. On retiendra son fils, le poète Auguste Lacaussade. Elle fait fructifier ses biens. Elle a deux habitations à Saint-André et des esclaves. En 1824, sur la cinquantaine d’hectares qu’elle possède, 21 sont en maïs, 24 en cannes et 15 tonnes de sucre sont produites. En 1825, elle achète à l’industriel Jean Florance un terrain de 28,5 hectares à la Ravine-Creuse et lui laisse le droit de manipuler les cannes qu’elle produit sur ses terres jusqu’à ce qu’elle monte un second établissement sucrier qui ne voit finalement pas le jour. Deux mois plus, tard, elle achète à Rivière-du-Mât une petite habitation. Celle qui a connu l’esclavage, et qui a été affranchie le 27 février 1789, meurt en 1845.