Antenne Réunion
Le collectif des gendarmes originaires tient à réagir suite aux propos tenus par le général commandant la gendarmerie de La Réunion le 27 mars sur Antenne Réunion. A l’heure actuelle, ce collectif de gendarmes en colère regroupe 150 frondeurs.
Interrogé sur le plateau d’Antenne Réunion le 27 mars, le commandant de la gendarmerie de La Réunion - Xavier Ducept - s’est exprimé au sujet des annuités bonifiées pour les gendarmes métropolitains.
"C’est un sujet qui est ancien et complexe. Le décret date de 1935 et établit que tout militaire en extérieur ou sur territoire d’Outre-Mer, fait campagne. Faire campagne, c’est bénéficier d’une bonification d’annuités à la retraite. Ce texte qui est ancien établit que le gendarme né à La Réunion qui n’a jamais quitté La Réunion avant son intégration ne peut pas bénéficier de cette bonification" a expliqué le commandant de la Gendarmerie sur Antenne Réunion.
"Nous avons saisi Paris et la direction générale pour essayer de faire évoluer ce texte au niveau interministériel. Nous avons des associations professionnelles militaires qui ont pris en compte ce dossier. J’ai reçu que les gendarmes que j’ai souhaité qu’ils soient informés de leurs droits. Les textes évolueront peut-être dans le cadre de la réforme des retraites" assure le commandant Xavier Ducept.
Le collectif des gendarmes originaires a tenu à réagir suite à l’interview du commandant de la Gendarmerie de La Réunion.
"Nous ne doutons pas de l’intérêt que notre hiérarchie porte à notre problématique et de la discrimination dont nous sommes victimes. Néanmoins, nous souhaitons apporter des précisions sur ce qui a été dit sur ce plateau du journal télévisé " explique, en préambule, le collectif des gendarmes frondeurs.
Avant de détailler : "Lorsqu’il est dit que c’est à cause d’un vieux texte de 1935 que les annuités (une année compte double) ne sont pas accordées aux originaires, cela n’est pas vrai. Car cela fait seulement 3 ans que les annuités ne sont plus données aux ultramarins qui effectuent un séjour sur leur territoire d’origine. Alors que les non-originaires continuent à l’avoir. Pourtant rien n’a changé dans les textes de loi et nulle part il est écrit qu’un originaire non fixé définitivement, ne puisse faire annuités".
Selon le collectif des gendarmes originaires : "Il s’agit d’une interprétation et d’une décision propre à la gendarmerie qui a sorti une circulaire instaurant cela. Mais une circulaire n’est pas un décret, donc n’est pas la loi. C’est même contraire aux textes en vigueur. Les nombreux camarades réunionnais ayant pris leur retraite avant 2015 avec le bénéfice des annuités, sont la preuve concrète que le problème ne date pas de 1935".
"Lorsqu’il est dit qu’un ultramarin peut faire jusqu’à 11 ans sur son île natale, cela n’est pas vrai non plus. Même si dans les textes il est effectivement prévu que nous fassions 11 ans, dans les faits notre hiérarchie refuse de nous laisser ici plus de 9 ans sauf cas très exceptionnel" assure également le collectif des gendarmes originaires.
"Il a été également dit qu’un originaire ne peut rester définitivement sur son île sous le motif que nous sommes militaires et devons servir en tout lieu de la nation. Précisons qu’en métropole, lorsqu’un militaire de la gendarmerie parvient à retourner sur son territoire d’origine, il peut y rester toute sa vie. Le Général a indiqué que 30% des métropolitains sont dans ce cas. Rappelons qu’il y a, à contrario, 0% de Réunionnais (et tous les originaires des DOM) qui sont autorisés à se fixer définitivement dans leur département d’origine. 2 poids 2 mesures ?" interroge le collectif des gendarmes frondeurs.
"Il a été annoncé que sur 750 gendarmes en poste à la Réunion, il y a 130 Réunionnais. Tout en rajoutant qu’il y a beaucoup de gendarmes Réunionnais en métropole. Cela est choquant de voir alors, qu’il y a seulement 17% de Réunionnais en poste à la Réunion" dénonce le collectif des gendarmes en colère.
Avant de poursuivre : "Nous sommes clairement victimes de discrimination. On nous reconnaît comme étant français lorsque nous sommes en poste en métropole mais une fois affecté sur notre île on nous met à part en nous considérant des "originaires". Tout en permettant à des non originaires d’obtenir le même statut que nous (CIMM) en leur permettant de garder leurs avantages d’annuités. Et on nous dit que si on veut faire annuités, nous n’avons qu’à aller voir ailleurs dans un autre outre mer. C’est vraiment mal nous considérer !"
"Nous nous sentons humiliés et ne comprenons pas pourquoi il y a autant de rejet envers nous".
Voici les détails de la proposition formulée par les gendarmes originaires :
- "permettre aux ultramarins qui le souhaitent de rester définitivement sur leur territoire d’origine sans faire d’annuités. Cela était pourtant le cas il y a plusieurs années de cela.
- et permettre aux ultramarins qui ne souhaitent pas le statut CIMM de rester un temps limité sur l’île comme actuellement mais en faisant annuités comme nos camarades métropolitains. Car à ce jour, même si on choisit le statut général comme nos camarades métropolitains, la gendarmerie refuse de nous donner les annuités. Il faudrait généraliser le même nombre d’année pour tous. Par exemple 6 ans (4+1+1)".