La Réunion est le département d’Outre-Mer qui compte le plus de dossiers de surendettement, selon un rapport établi par l’Institut d’émission des départements d’Outre-Mer (IEDOM).
La crise financière et économique qui frappe durablement La Réunion depuis 2008 fragilise les ménages réunionnais. Dans ce contexte, le nombre de dossiers de surendettement déposés à La Réunion a fortement augmenté en 2009, puis sur la période récente. Comparée aux autres DOM, La Réunion est le département qui compte le plus de dossiers de surendettement déposés, en nombre (1 153 dossiers en 2012) comme en proportion : la moitié des dossiers enregistrés dans les DOM concerne en effet le département.
L’étude de l’IEDOM s’intéresse à la typologie des débiteurs surendettés réunionnais, et la compare à celle observée dans les autres DOM et en France métropolitaine. Il en ressort principalement que les surendettés réunionnais sont généralement jeunes, au chômage ou sans profession, et que beaucoup d’entre eux vivent seuls. Les spécificités domiennes sont souvent plus marquées à La Réunion, et s’expliquent d’abord par les caractéristiques structurelles propres à la population du département.
Stable jusqu’en 2008, le nombre de dossiers soumis à la commission de surendettement de La Réunion a fortement augmenté au début de l’année 2009, dans un contexte de crise naissante. La tendance est ensuite restée orientée à la hausse, mais à un rythme beaucoup plus faible.
Elle s’accélère à nouveau très fortement depuis début 2013. Cette hausse récente s’explique pour partie par une crise qui s’installe dans la durée, et par le chômage qui s’accentue. Mais surtout, de très nombreux chômeurs ne bénéficient plus du système d’indemnisation de Pôle emploi et doivent désormais recourir aux minima sociaux. A cela s’ajoutent les actions de communication menées récemment par la commission de surendettement, qui ont permis de mieux faire connaître le dispositif auprès du public.
Le nombre de dossiers pour 1 000 habitants à La Réunion évolue à un rythme soutenu. Il est passé de 1 à 1,4 dossier pour 1 000 habitants entre 2008 et 2012. Il est plus élevé que dans les autres DOM, mais reste très inférieur à celui de la France métropolitaine (3,4 dossiers pour 1 000 habitants).
Les raisons expliquant cette faiblesse du taux de dépôt sont globalement les mêmes dans tous les DOM, mais jouent à des degrés divers selon le territoire. Ainsi, la bancarisation des ménages progresse dans les DOM, et notamment à La Réunion, mais reste moindre qu’en métropole, et l’endettement bancaire y est moins généralisé.
L’IEDOM précise que des facteurs psychologiques et socioculturels caractéristiques des petites économies insulaires rendent par ailleurs les ménages plus réticents à déclarer les difficultés qu’ils rencontrent, d’autant qu’ils bénéficient encore souvent d’une solidarité familiale et parfois communautaire leur permettant d’y faire face. Enfin, l’apparente complexité de la procédure et l’inscription systématique au FICP1 dès le dépôt d’un dossier continuent de rebuter certains débiteurs.
Par rapport à l’enquête typologique de 2006, la proportion des surendettés âgés de moins de 35 ans a légèrement augmenté dans les DOM, et particulièrement à La Réunion. En période de crise, il devient en effet plus difficile pour les parents de soutenir leurs enfants, notamment lorsque les fratries sont nombreuses.
Ainsi, face à un chômage croissant et à une solidarité intergénérationnelle qui bénéficie d’abord aux personnes âgées, les jeunes réunionnais sont désormais plus nombreux à déclarer une situation de surendettement. 36,8 % des surendettés réunionnais vivent en couple, soit une proportion identique à celle observée en France métropolitaine, mais supérieure à celle des DFA.
Plus encore qu’aux Antilles ou en Guyane, le surendettement à La Réunion est d’abord « passif », lié aux accidents de la vie (baisse de ressources, chômage, divorce, etc.) Près de 81,2% des dossiers réunionnais relèvent de cette catégorie, contre 67,6 % dans les DFA.
Ce sont essentiellement les dossiers dont l’origine est liée à une situation de chômage qui expliquent cette différence : 38,5 % des dossiers sont concernés à La Réunion, contre 26,1 % dans les DFA. Cette caractéristique des DOM, et le fait qu’elle soit plus marquée à La Réunion, trouve essentiellement son origine dans les différences de taux de chômage en population générale (29,5 % à La Réunion au deuxième trimestre 2011, contre 9,1 % en France métropolitaine, et entre 21 % et 23 % dans les différents DFA).
Le surendettement « actif » (mauvaise gestion, excès de crédits à la consommation, impayés de charges courantes, etc.) concerne pour sa part 17,1 % des dossiers réunionnais, soit une proportion beaucoup plus faible qu’aux Antilles-Guyane où il est à l’origine de 32,4 % des dossiers soumis à la commission de surendettement.
La moitié (49,8 %) des surendettés réunionnais sont locataires, contre 58,2 % dans les DFA et, surtout, 78,6 % en France métropolitaine. Pourtant, les proportions de propriétaires ne sont globalement pas très différentes dans la population générale de ces territoires. Mais les ménages les plus modestes sont plus souvent propriétaires dans les DOM qu’en métropole (ils ont souvent pu construire un logement, même modeste, sur un terrain familial).
En 2011, 60,7 % des surendettés réunionnais ont une capacité de remboursement (somme des ressources moins les charges) négative, soit une proportion plus importante que dans les DFA (51,2 %) et en France métropolitaine (52,5 %).
Les ménages concernés ont souvent comme ressource principale les minima sociaux. Ils sont nombreux à avoir souscrit des crédits à la consommation (57,0 % à La Réunion et 54,7 % dans les DFA). A l’opposé, 53,4% des ménages réunionnais ayant une capacité de remboursement mensuelle supérieure ou égale à 1 500 euros, ont contracté des prêts immobiliers (54,5 % aux Antilles-Guyane).
Source : IEDOM