Comme chaque année, La Réunion fête l’abolition de l’esclavage ce 20 décembre. Une tradition et une commémoration d’un moment clef de notre Histoire.
Le 20 décembre : une date parmi les plus importantes de l’Histoire de La Réunion.
Elle prend également plusieurs noms tels que : la fête de la liberté, la fête du 20 desamb, la fête des Cafres ou encore la fête du 20 décembre 1848. Une occasion de rendre hommage aux anciens esclaves mais aussi à leurs mémoires.
Pour la deuxième année consécutive, crise covid-19 oblige, les célébrations sont un peur en retrait par rapport aux années précédentes.
Ancré dans le cadre d’un travail de mémoire, cette Fête de la liberté est aussi le moment de retrouver et de parler des racines de La Réunion. A l’époque, notre île est peuplée en grand nombre d’esclaves déracinés qui viennent d’Inde, de Madagascar ou encore d’Afrique. Ce qui explique l’une des particularités de notre vivre ensemble.
Les esclaves travaillaient essentiellement dans des plantations de canne à sucre et de café. C’est en 1725, que la première traite d’esclave a été organisée par la Compagnie des Indes Françaises. Le travail et la pénibilité surtout durant l’été, rendent la vie des esclaves très compliquée. Les maladies emportent énormément d’esclaves qui, à cette époque ne pouvaient pas y résister à cause de l’absence de soins. Tomber malader du jour au lendemain est décrit à l’époque comme une "sorcellerie". Une croyance encore très ancrée dans la société réunionnaise.
C’est en 1789 avec la Prise de la Bastille que l’Assemblée générale de l’époque proclame officiellement la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen avec l’article : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune". Malheureusement, ce traité ne trouve pas écho à La Réunion.
En 1794, toutes les dépendances de la France dont La Réunion doivent appliquer la nouvelle convention issue de la Révolution Française qui stipule l’abolition de l’esclavage. Les commissaires envoyés sur notre île en 1796, deux ans après, ont été renvoyés de force à la mer.
Napoléon en 1802, rétablit l’esclavage et la traite à la demande de Joséphine, une créole des Antilles. 8 ans plus tard, La Réunion est annexée par les Anglais et les colons ont mis fin à la traite des esclaves, mais maintiennent l’esclavage en place.
En 1814, la France rachète notre île aux Anglais et signe un traité interdisant les traites d’esclaves. Un traité qui ne sera pourtant pas appliqué sur le terrain. La pratique de l’esclavage continue sans aucune revendications.
Il faut attendre 1848 pour que le décret abolissant l’esclavage le 27 avril soit appliqué véritablement. Deux personnes contribuent à cette abolition définitive à La Réunion dont le sous-secrétaire d’État à la Marine chargé des colonies Victor Schoelcher (1804-1893) et le receveur des Finances, le très connu Joseph-Napoléon Sarda Garriga (1808-1877).
Sarda Garriga est chargé de préparer l’abolition effective de l’esclavage à La Réunion. L’Assemblée coloniale lui demande de reporter à la fin de la campagne sucrière, mais celui-ci refuse et fixe au 20 décembre la date de l’émancipation de tous les esclaves sur le territoire réunionnais. Cette proclamation permet à plus de la moitié de la population (55%) de retrouver la liberté, soit 60 318 habitants.
Depuis cette abolition, ce fait historique est gravé dans l’Histoire de La Réunion mais aussi dans les mémoires. Cette fête est aujourd’hui célébrée par toutes les communautés de l’île. Auparavant, la commémoration de la Fèt Kaf était l’apanage des Cafres (les Noirs descendants d’anciens esclaves), Comoriens, Indiens ou encore des Malgaches.
Plus qu’une simple fête, c’est aussi un moment de communion entre tous les Réunionnais. Des concerts avec le maloya au son des kayambs, roulèr, triangle sont les symboles de cette fête, ainsi que des kabars organisés pendant des années durant le 20 décembre.
Pour cette année, malgré les mesures sanitaires et l’annulation de certains événements, plusieurs festivités et événements sont maintenus.