Originaire de Saint-Paul, Naïla, 24 ans, a nourri le désir de découvrir l’Amérique latine. En 2019, elle réalise son rêve et embarque pour le Chili, une destination qu’elle n’avait pas particulièrement envisagée. Pourtant, la jeune femme a été agréablement surprise par ce pays qui nourrit sa soif de connaissance et de découverte. Naïla partage son expérience sur LINFO.re dans la rubrique #MOUNDOUVOU.
Avant de se rendre sur le continent américain, Naïla a quitté son île à 18 ans pour la métropole. Elle étudie pendant trois ans dans l’école publique de journalisme de Tours, l’EPJT, où elle se spécialise dans la radio. À la fin de ses études, elle intègre le marché de l’emploi dans une radio à Angers pendant 6 mois. Son objectif est alors clair : mettre des sous de côté pour son voyage en Amérique latine.
Depuis de longues années, Naïla désirait découvrir l’Amérique latine. Au lycée, elle était en filière bachibac et beaucoup de ses cours étaient en espagnol, ce qui a lui a permis de maîtriser la langue. De plus, elle a beaucoup étudié l’histoire de l’Amérique latine, notamment celle du Chili. "Ça a influencé le choix de ma destination, même si je n’avais pas envisagé de partir au Chili, au départ."
En juin 2019, Naïla immigre au Chili et mène depuis une vie citadine dans la capitale du pays, Santiago. Depuis, elle y fait du journalisme en tant que pigiste correspondante. Elle donne également des cours de français à des particuliers.
Depuis son arrivée au Chili, Naïla ne cesse d’enrichir ses connaissances et d’assouvir sa curiosité. "Le Chili n’a rien à voir avec La Réunion, c’est complètement différent. J’ai découvert une culture que je ne connaissais pas du tout. J’ai perfectionné mon espagnol. C’est aussi une autre façon de voir les choses." Ainsi, au travers de rencontres "formidables" la Réunionnaise a réussi à s’intégrer assez facilement au Chili.
En dehors de son travail, Naïla essaye de découvrir le pays dès qu’elle en a l’occasion. "Avant la pandémie, j’ai eu le temps de découvrir le nord du Chili, le désert d’Atacama, l’un des déserts les plus arides au monde", raconte-t-elle. Elle a également eu le temps d’aller dans le sud, en Patagonie. Elle s’est aussi rendue dans la grande ville de Valparaíso. De temps à autre, elle s’éloigne des grosses villes pour des randonnées dans les réserves naturelles du pays. Elle a ainsi arpenté la cordillère des Andes qui compte parmi les plus grandes chaînes de montagnes du monde. "Ma vie est très animée, je n’ai pas le temps de m’ennuyer", fait savoir Naïla.
En 2019, quelque temps après l’arrivée de Naïla, le Chili a été touché par une crise sociale importante. La population a décidé de secouer le système pour s’opposer aux inégalités sociales qui sont un fléau dans le pays. "Pour moi, en tant que journaliste, c’était intéressant. Ça m’a permis de découvrir des choses que je n’aurais pas forcément compris s’il n’y avait pas eu ce mouvement social", explique Naïla.
Comme tous les autres pays, le Chili a été atteint par la crise sanitaire. Selon Naïla, le gouvernement a maintenu des mesures très restrictives pendant près de 5 mois et le couvre-feu a duré pendant plus d’un an et demi. Cette période a donc été particulièrement difficile pour la jeune femme, mais la présence de ses colocataires l’a aidé à passer cette épreuve.
La pandémie a surtout été un frein pour Naïla dans sa soif de découverte, car la jeune femme avait l’intention de profiter de la proximité du Chili avec les autres pays d’Amérique latine. Toutefois, elle ne perd pas espoir et espère avoir un jour l’occasion de passer la frontière et de connaître l’Argentine, le Pérou et ou encore la Bolivie.
Avant de partir pour le Chili, Naïla vivait en métropole et était déjà éloignée de sa famille et de son île : "j’étais déjà habitué, donc ça n’a pas été si difficile."
Naïla se décrit également comme étant curieuse. Depuis plusieurs années, elle voulait sortir de l’île pour voir d’autres pays, d’autres cultures. "J’ai en moi ce goût de l’aventure, du voyage, de la découverte. C’est ce qui m’a poussé à sortir de La Réunion." Augmenter la distance entre les siens et elle a donc été plus facile à digérer.
De cet éloignement, Naïla retient essentiellement le positif : "j’ai pris de l’assurance, plus d’indépendance, plus d’autonomie. Vivre dans un autre pays, avec une autre culture fait beaucoup gagner en maturité. Ça m’a permis de grandir."
Quant à la question d’un éventuel retour sur son île, Naïla ne l’a pas encore envisagée et souhaite rester au Chili encore un moment. "J’ai encore beaucoup de choses à apprendre, à découvrir. Je n’ai pas envie de rentrer à La Réunion pour l’instant. Je sens que ma place est ici, à Santiago. Je m’y suis construit une petite vie qui me plaît bien", raconte-t-elle. De plus, elle a encore du pays à voir, une fois que les frontières auront rouvert.
"Si l’occasion se présente, il ne faut pas hésiter pas à voyager à l’étranger, pas forcément pour s’installer, même quelques semaines, quelques mois. L’opportunité de découvrir un nouveau pays, c’est fantastique et très enrichissant. On a tout à gagner en s’ouvrant au monde extérieur. Je les encourage à le faire, sans oublier l’île d’où ils viennent. Le brassage culturel de notre île, notre identité multiple nous permet de nous adapter à d’autres cultures."